Marc Riboud n'est jamais revenu à Hanoi depuis 1976, après cinq voyages au Vietnam (1967, 68, 69, 72 et 76). "Il est fort possible que cela soit mon dernier voyage au Vietnam. Je crois que je prends un grand plaisir à redécouvrir ce pays, et d'en observer les formidables changements, surtout économiques, ainsi que son dynamisme", s'enthousiasme-t-il.
Né à Lyon en 1923, Marc Riboud a commencé à se familiariser avec la photographie à l'âge de 14 ans avec un vieil appareil offert par son père. Mais c'est en 1937 que sa carrière débute véritablement, lorsqu'il prend ses premiers clichés à l'exposition internationale "Arts et techniques dans la vie moderne", à Paris.
Il n'a suivi aucune école pour apprendre la photo. À cette époque, il n'y en avait d'ailleurs aucune, cet art n'ayant pas encore acquis ses lettres de noblesse. Il a suivi une formation d'ingénieur à l'École centrale de Lyon, avant d'exercer ce métier brièvement pendant deux ans, sans passion. Il a décidé alors d'arrêter ce métier pour se tourner vers la photographie qu'il pratique en autodidacte, avant de rencontrer le photographe Henri-Cartier Bresson en 1952, qui lui fait rencontrer Capa, ce dernier lui ouvrant les portes de l'agence Magnum en 1953. Il gravit rapidement les échelons pour y devenir vice-président, puis président en 1976 avant de tirer sa révérence en 1979 pour ses projets personnels.
Un portfolio unique sur la 2e guerre au Vietnam
Le portfolio de cet éminent photographe est unique, puisqu'étant l'un des seuls photographes à pouvoir se rendre au Nord du Vietnam pendant la 2e guerre. Marc Riboud n'essaye pas de montrer l'horreur de la guerre, mais porte un regard bienveillant sur la vie quotidienne au Nord du Vietnam durant cette période, embourbée dans des difficultés de toutes sortes. "J'avais l'occasion de photographier des scènes de vies émouvantes aussi bien que les grands leaders du Vietnam dont le Président Hô Chi Minh, Pham Van Dông, le général Vo Nguyên Giap. L'intérêt de mes photos réside dans le fait que j'ai photographié le Vietnam pendant la guerre du côté des deux camps, aussi bien au Nord qu'au Sud", dit-il. Le portrait de l'Oncle Hô a fait la Une des magazines dont Look, L'Observateur…
Le livre The face of North Vietnam regroupant des photos de Marc Riboud a été publié la première fois en 1970. Ces photos, loin du spectaculaire des champs de bataille, constitue une archive émouvante et inédite sur cette période.
La 2e guerre au Vietnam a été surmédiatisée dans le Sud, du côté américain, ce qui a permis d'alerter l'opinion américaine, qui en voyant les images de l'horreur de la guerre, s'est liguée contre cette guerre atroce. La célèbre photographie de Marc Riboud d'une jeune fille avec une fleur contre les baïonnettes des soldats à Washington l'illustre. Il l'a prise le 21 octobre 1967, lors d'une manifestation contre la guerre au Vietnam, à Washington.
Il est revenu à Hanoi pour préparer une exposition de ses photos prises au Vietnam pendant la 2e guerre et peut-être les publier dans un nouveau livre. Lors de son voyage au Vietnam, M. Riboud a fait une projection de ces photos à la Cinémathèque de Hanoi. Il a profité de cette occasion pour faire une séance de dédicace des ouvrages que le public a pu acheter. Ce sont des livres de poche incluant les clichés les plus emblématiques immortalisés au cours de sa carrière.
Les photographies de Marc Riboud sont publiées dans de nombreux magazines qu'il n'est plus nécessaire de présenter comme Life, Géo, National Geographic, Paris-Match… Il a remporté nombre de prix dont le Overseas Press Club Award à deux reprises (en 1966 pour The three banners of China et en 1970 pour The face of North Vietnam), le Time-Life Achievement en 2002 et le prix perpétuel de Sony World Photography en 2009.
Hoàng Giang/CVN