Les glaciers des Andes tropicales, "sentinelles" sacrifiées du réchauffement

Les glaciers des Andes tropicales, "sentinelles" du changement climatique, paient au prix fort le fait d'être en première ligne, avec la perte, selon les cas, de 30% à 100% de leur surface en 30 ans, et un impact incertain sur l'eau de la région.

On les connaît vraiment depuis peu, 15-18 ans qu'ils sont suivis et "carottés" de près. Mais plusieurs glaciers des Andes centrales, plus importante masse glaciaire tropicale au monde (près de 2.000 km²), n'existent déjà plus.

Au Pérou, le Broggi (4.860 m) a disparu depuis 2005, le Quilca (5.250 m) depuis l'an dernier. Le Pastoruri (5.240 m) a perdu 40% et en aurait encore pour 10 ans. Et en Bolivie, les jours du Chacaltaya (5.395 m), où l'on skiait encore il y a 15 ans, sont comptés, littéralement.

Des inventaires nationaux sont en cours. Mais "on peut dire que les glaciers des Andes tropicales ont perdu de 30% à 100% de leur surface depuis 30 ans", estime Bernard Francou, glaciologue français de l'Institut de recherche pour le développement, qui suit ces géants du Pérou, de Bolivie, d'Équateur et de Colombie.

Leur fleuron, la Cordillère blanche péruvienne et sa trentaine de sommets à plus de 6.000 m, a perdu 27% de glace en 33 ans, selon les glaciologues de l'Autorité péruvienne de l'eau. Même si, ironiquement, la chaîne compte davantage de glaciers (755) qu'alors (722), en raison de la fragmentation. "Les mesures montrent que les glaciers andins perdent en moyenne un mètre d'eau en épaisseur chaque année", a récemment expliqué M. Francou à Lima, à un atelier de scientifiques d'une dizaine de pays au chevet des Andes tropicales.

AFP/VNA/CVN

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