Les Européens toujours très divisés sur une taxe aux frontières

Les dirigeants de l'Union européenne (UE) se sont une nouvelle fois divisés le 26 mars sur l'opportunité de muscler leur position dans les négociations internationales sur le climat avec la menace d'instaurer une taxe carbone aux frontières.

Le chef de l'État français, Nicolas Sarkozy, a appelé à "la fin de la naïveté de l'Europe" et plaidé en faveur d'une utilisation de la taxe carbone aux frontières comme arme de négociation après l'échec de la Conférence de Copen- hague. Mais plusieurs dirigeants se sont dits sceptiques, a-t-on appris auprès des délégations. Le chancelier autrichien, Werner Faymann, a notamment estimé que "ce ne serait pas une bonne tactique de négociation". "Le président de la Commission (José Manuel Barroso) a indiqué qu'il mettrait sur la table une proposition au mois de juin prochain (...) aucun pays ne s'est opposé à cette éventualité", a annoncé M. Sarkozy au cours de sa conférence de presse. "Je pense que chacun considère aujourd'hui que la question d'un mécanisme d'adaptation aux frontières de l'Europe est un sujet incontournable et essentiel (...) je ne dis pas qu'on a gagné, mais c'est déjà ça. Quand on en parlait il y a quelques mois, le mot même était sulfureux", a-t-il dit.

Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a soutenu cette position. "Je partage l'idée qu'il faudra que l'Europe réfléchisse davantage à l'instauration d'une taxe carbone aux frontières", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision France 24.

La Commission européenne (CE) doit remettre un rapport au mois de juin sur les "fuites carbone", c'est-à-dire les secteurs industriels européens menacés de concurrence déloyale en cas d'échec des négociations internationales sur le climat.

Le plan de lutte contre le réchauffement climatique adopté par l'UE en 2008 prévoit la possibilité d'un mécanisme aux frontières.

Appelé un temps "taxe carbone aux frontières", ce "mécanisme d'inclusion carbone" a été conçu comme un instrument anti-dumping pour éviter les délocalisations d'activités. "La France ne demande pas une taxe sur tous les pays et sur tous les produits", a assuré le président Sarkozy.

"La Commission s'est engagée à fournir une analyse" sur les risques de délocalisation, a précisé un de ses porte-parole, mais il n'a pas souhaité se prononcer sur une proposition.

Le commissaire européen au Commerce, Karel de Gucht, s'est déclaré à plusieurs reprises opposé à toute mesure à caractère protectionniste.

La commissaire au Climat, Connie Hedegaard, doit pour sa part fournir une analyse sur les engagements de réduction de leurs émissions de gaz a effet de serre pris par les autres pays industrialisés pour déterminer s'ils sont comparables à ceux de l'UE.

À partir de cette analyse, les dirigeants européens décideront si l'UE augmente son effort et porte à 30% contre 20% aujourd'hui la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020. Mais plusieurs pays dont l'Italie et la Pologne sont très réservés sur cet effort supplémentaire.

AFP/VNA/CVN

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