"Todos somos americanos" (Nous sommes tous américains) a lancé Barack Obama lors d'une allocution qui devrait marquer son passage à la Maison Blanche.
"Il y a une histoire compliquée entre les États-Unis et Cuba (...) mais l'heure est venue d'entamer un nouveau chapitre", a ajouté le 44e président des États-Unis, constatant sans détour l'échec d'un demi-siècle d'isolement de Cuba.
Le président américain, Barack Obama, le 17 décembre à Washington. Photo : AFP/VNA/CVN |
Au même moment, à La Havane, son homologue cubain Raul Castro confirmait cette percée historique, tout en soulignant que la question de l'embargo économique, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962, n'était pas résolue. M. Obama a demandé un débat, qui s'annonce déjà houleux, avec le Congrès américain sur la levée de cette mesure "inscrite dans la loi".
Les deux dirigeants se sont entretenus par téléphone pendant près d'une heure mardi 16 décembre et la Maison Blanche n'a pas exclu une visite de M. Obama à Cuba.
Le pape François, personnellement impliqué dans ces négociations menées dans le plus grand secret depuis le printemps 2013, a salué une "décision historique", louant le rapprochement entre les deux pays séparés seulement par les 150 km du détroit de Floride.
Le secrétaire d'État américain John Kerry va entamer "immédiatement" des discussions en vue du rétablissement des relations diplomatiques avec ce petit pays des Caraïbes, interrompues depuis 1961.
Perspective longtemps impensable, les États-Unis vont par ailleurs ouvrir une ambassade à La Havane "dans les mois à venir".
Cigares
Parmi les mesures annoncées pour favoriser les échanges économiques entre les deux pays, les Américains pourront désormais utiliser leurs cartes de crédit à Cuba et les institutions américaines pourront ouvrir des comptes dans les institutions financières cubaines. L'exportation de certains matériels de communication et télécommunication sera aussi permise, dans le but de développer internet sur l'île.
Le président cubain Raul Castro lors d'une intervention télévisée, le 17 décembre à La Havane. Photo : AFP/VNA/CVN |
Les voyageurs américains pourront par ailleurs rapporter depuis Cuba jusqu'à 100 dollars de tabac, ce qui inclut, bien sûr, les célèbres cigares cubains. Si les voyages touristiques indépendants resteront à ce stade interdits, nombre de procédures seront assouplies pour les chercheurs, les enseignants ou encore les journalistes.
Les pays latino-américains ont applaudi mercredi 17 décembre ce développement, le Vénézuélien Nicolas Maduro allant jusqu'à saluer "le geste courageux" de Barack Obama. Cette annonce historique intervient quelques heures après la libération d'Alan Gross, un Américain de 65 ans détenu depuis cinq ans à La Havane. Washington a toujours conditionné une détente avec Cuba à la libération de cet ancien contractuel de l'agence fédérale américaine pour le développement international (USAID). Arrêté le 3 décembre 2009 à Cuba, Alan Gross avait été condamné en 2011 à 15 ans de prison pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire interdit dans l'île. Parallèlement, un espion à la solde du Renseignement américain, écroué à Cuba depuis 20 ans et dont très peu de gens connaissaient l'existence, a été libéré de prison. Trois Cubains, écroués aux États-Unis après avoir été condamnés à de lourdes peines pour espionnage, ont également retrouvé la liberté.Les relations entre Washington et La Havane ont été marquées par une succession d'épisodes tendus depuis le début des années 60.
AFP/VNA/CVN