Les émissions de CO2 progressent, les négociations moins

Quelques jours après l'annonce d'émissions record de gaz à effet de serre dans le monde, les négociations internationales sur le climat ont repris le 6 juin à Bonn, (Allemagne) pour esquisser les contours du prochain grand rendez-vous à la fin de l'année à Durban (Afrique du Sud).

Le niveau record d'émissions de CO2 en 2010 constitue "sans aucun doute une mauvaise nouvelle", a souligné la responsable de l'ONU sur le climat, Christiana Figueres, au premier jour de deux semaines de négociations en Allemagne entre plus de 190 pays.

Les émissions de CO2 ont atteint un record l'an dernier dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie et des transports, a annoncé le 30 mai l'Agence internationale de l'Énergie (AIE).

Parmi les "mauvaises nouvelles", la responsable climat a aussi rappelé qu'un record de concentration de CO2 dans l'atmosphère avait été mesuré à Mauna Loa (Hawaï) en mai. "Nous sommes maintenant juste sous 395 ppm" (parties par millions), a-t-elle souligné. La science préconise un niveau maximum de 450 ppm pour contenir un réchauffement de l'ordre de 2°C.

La responsable de l'ONU a rappelé les pays à leur engagement, réitéré à Cancun (Mexique) fin 2010, à contenir le réchauffement de la température du globe sous les 2°C.

Les promesses de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES) faites par les États sont actuellement en deçà du niveau compatible avec cet objectif.

Pour autant, personne n'attend d'avancée spectaculaire à Durban, où aura lieu la prochaine grande conférence sur le climat à la fin de l'année.

Depuis la grande déception de Copenhague, fin 2009, la perspective d'un traité global contraignant n'est plus d'actualité.

L'un des dossiers symboliques sera sans doute l'avenir du protocole de Kyoto, dont la première période d'engagement s'achève fin 2012.

Seul traité légalement contraignant sur le climat, il fixe des objectifs chiffrés de réduction de GES aux pays industrialisés, à l'exception notable des États-Unis qui ne l'ont pas ratifié.

Les pays en développement exigent une nouvelle période d'engagement, voyant dans Kyoto "un élément clé" des négociations internationales, mais plusieurs des pays concernés par la première période (Japon, Russie, Canada) ont déjà annoncé être opposés à de nouveaux engagements. "L'année dernière, nous avions deux positions diamétralement opposées. Cette année, il y a un dialogue plus constructif", a estimé Mme Figueres.

Même si un accord devait être trouvé à Durban pour une seconde période, "il faut admettre que le laps de temps n'est pas suffisant" pour la ratification d'un tel texte d'ici à la fin 2012, a-t-elle toutefois reconnu.

L'Union européenne réfléchit à une nouvelle période d'engagement mais "seulement s'il y a aussi un engagement en parallèle en vue d'un accord qui englobe toutes les grandes économies", a rappelé le négociateur en chef de l'Union européenne, Artur Runge-Metzge.

"Nous ne considérerions pas comme un succès à Durban un accord qui dirait : +nous avons un cadre pour 11 ou 12% des émissions globales (les émissions de l'Union européenne), mais rien pour les 88 ou 89 autres pour cent", a-t-il averti.

Outre la question de Kyoto, la conférence de Durban aura plus modestement pour ambition de rendre opérationnels les outils entérinés à Cancun, comme un Fonds vert pour aider les pays les plus vulnérables à faire face au réchauffement ou le développement de moyens pour vérifier les engagements de chaque pays. "Si on le fait, on va continuer à avancer", a assuré le négociateur américain Jonathan Pershing. "Si on ne peut même pas le faire, si on ne peut même pas s'appuyer sur les points sur lesquels nous sommes déjà tombés d'accord pour progresser, alors il y a lieu d'être plus pessimiste à propos de ce processus", a-t-il ajouté.

AFP/VNA/CVN

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