Les crises régionales s'invitent au sommet de la Communauté de développement d'Afrique australe

Les 15 chefs d'État de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) poursuivent jusqu'au 18 août à Luanda un sommet de deux jours, au cours duquel ils ne pourront éviter d'aborder la délicate question de l'ouverture démocratique des pays de la région en crise.

La SADC aura là une occasion de faire taire les critiques, qui lui reprochent depuis longtemps sa timidité dans la gestion des crises, et sa complaisance envers les pouvoirs autoritaires.

Le sommet a débuté formellement hier matin à 07h40 GMT. Les chefs d'État se sont réunis ensuite à huis clos, à partir de 10h00 GMT, pour ne reparaître en public que le 18 août, pour une cérémonie de clôture et de la conférence de presse finale.

Quatre des quinze pays concernés ont connu récemment des soubresauts plus ou moins meurtriers : le Malawi et le Swaziland sont secoués par une contestation populaire du pouvoir en place, tandis que Zimbabwe et Madagascar sont l'un et l'autre dans une impasse politique.

Au Malawi, où des émeutes anti-gouvernementales ont fait 19 morts en juillet, l'opposition avait même programmé des veillées de contestation hier soir, pendant le sommet. Sous la pression du pouvoir et du président Bingu wa Mutharika, la manifestation a été reportée à une date ultérieure.

"Nonobstant ces défis, la SADC s'efforce d'avancer vers l'intégration régionale, sachant qu'il s'agit là d'une condition fondamentale pour un développement durable dans la région", a déclaré le ministère sud-africain des Affaires étrangères dans un communiqué en préambule au sommet de Luanda.

La SADC, affirme l'Afrique du Sud, reste le premier instrument pour parvenir au développement et à l'intégration de l'Afrique australe. Reste que les chefs d'État sont sous la pression des organisations de défense des droits de l'homme et de la démocratie pour prendre leurs responsabilités sur les sujets sensibles.

L'organisation régionale a sans doute épargné un désastre total au Zimbabwe, en parrainant l'accord de partage du pouvoir de 2009 entre le vieux président Robert Mugabe et son principal opposant, le Premier ministre Morgan Tsvangirai.

Les froncements de sourcils des pays voisins ont semble-t-il évité un retour aux violences d'avant 2009, mais ils n'ont jusqu'à présent pas forcé le camp Mugabe à jouer la carte de l'union nationale.

Pour Madagascar, les chefs d'État de la SADC ont approuvé en juin une feuille de route devant préparer des élections, afin de sortir de la crise qui dure depuis le renversement en mars 2009 du président Marc Ravalomanana par le maire de la capitale, Andry Rajoelina, avec le soutien de l'armée.

La situation au Swaziland, petite monarchie absolue qui a également fait taire ses opposants sans ménagement, devrait aussi figurer au programme du sommet. Le 16 août, des étudiants en colère ont marché sur l'université à Mbabane pour demander sa réouverture et protester contre l'absence de fonds, qui a contraint à repousser sine die la rentrée universitaire.

AFP/VNA/CVN

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