Alors que ce projet controversé a plongé le pays dans une grave crise politique, le vice-président de la République, Mahmoud Mekki, a annoncé sa démission et des informations contradictoires circulaient sur celle du gouverneur de la Banque centrale, Farouk al-Oqda.
Les Égyptiens votaient le 22 décembre pour la seconde phase d'un référendum sur un projet de Constitution défendu par les islamistes |
Près de 51 millions de personnes étaient appelées aux urnes pendant les deux phases du vote. Dix-sept gouvernorats votaient le 22 décembre, dont Guizeh, qui jouxte Le Caire, et Louxor (Sud).
Les résultats officiels sont attendus "deux jours après la fin du vote", selon la commission électorale.
Selon des chiffres officieux, le "oui" était en tête avec près de 57% des voix lors de la première phase le 15 décembre (au Caire et à Alexandrie notamment), une avance qui laisse présager une approbation du texte à l'échelle nationale.
Comme le 15 décembre, le principal groupe d'opposition, le Front du salut national (FSN), a dénoncé des fraudes affirmant dans un communiqué que certaines personnes s'étaient fait passer pour des juges pour superviser le vote.
"Je vais voter oui parce que l'Égypte a besoin d'une Constitution pour être stable", a déclaré à l'AFP Mohamed Hamza, un chauffeur de 49 ans qui patientait devant un bureau de vote de Guizeh.
"Je voterai non, mille fois non. Je ne suis pas à l'aise avec les Frères musulmans et tout ce qu'ils font", a pour sa part affirmé Zarifa Abdel Aziz, une femme au foyer de 50 ans.
La commission électorale a prolongé le vote de quatre heures, jusqu'à 23h00 locales (21h00 GMT), pour répondre à l'affluence.
La division du pays en deux zones de vote a été décidée pour faire face au boycottage de nombreux magistrats chargés de superviser le scrutin, en conflit avec le président islamiste Mohamed Morsi qu'ils accusent de porter atteinte à l'indépendance de la justice.
Démission du vice-président
Le vice-président Mahmoud Mekki, un magistrat respecté, a annoncé en début de soirée sa démission, disant avoir "réalisé depuis un moment que la nature du travail politique ne convenait pas à (sa) formation professionnelle de juge".
Cependant, la télévision d'État a annoncé la démission, sans en donner la raison, du gouverneur de la Banque centrale, après des rumeurs ces derniers jours sur son possible départ pour des raisons de santé.
Le gouvernement a cependant rapidement démenti l'information, toujours selon la télévision d'État.
L'Égypte connaît depuis la chute d'Hosni Moubarak en février 2011 de graves difficultés économiques provoquées en particulier par la chute du tourisme et par l'effondrement des investissements étrangers.
Les incertitudes politiques ont déjà provoqué l'ajournement d'une demande de prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI).
Pour le camp présidentiel, l'adoption d'une nouvelle Constitution doterait enfin le pays d'un cadre institutionnel stable, qui viendrait clore la transition tumultueuse que vit l'Égypte depuis la chute de Moubarak.
L'opposition, composée de mouvements en majorité de gauche et libéraux, estime que le texte ouvre, selon elle, la voie à des interprétations rigoristes de l'islam et offre peu de garanties pour certaines libertés.
Le référendum a été précédé par plusieurs semaines de manifestations qui ont parfois dégénéré en heurts entre adversaires et partisans de M. Morsi et du puissant mouvement dont il est issu, les Frères musulmans.
Des affrontements le 21 décembre à Alexandrie, la deuxième ville du pays, ont fait plusieurs dizaines de blessés, et début décembre, huit personnes ont été tuées dans des affrontements au Caire.
Si le projet est approuvé, des élections législatives sont prévues dans les deux mois pour remplacer l'Assemblée dissoute en juin.
Mais selon des analystes, l'adoption d'une nouvelle Constitution ne devrait pas mettre fin à la crise, en raison de l'ampleur des divisions.
AFP/VNA/CVN