Italie : suspense sur une candidature de Monti au poste de Premier ministre

Avec la démission de Mario Monti, la campagne pour les législatives de février est officiellement ouverte, mais le suspense dure jusqu'au 23 décembre quant à une éventuelle candidature du "Professeur", poussé par ses partenaires européens, les milieux d'affaires et l'Eglise de se lancer dans cette bataille politique.

Mario Monti à Melfi, en Italie, le 20 décembre. Photo : AFP/VNA/CVN

Le président Giorgio Napolitano a dissous le 22 décembre en fin d'après-midi les chambres du parlement, ouvrant la voie à des élections anticipées, qui auront lieu les 24 et 25 février 2013, a annoncé le gouvernement dans un communiqué.

M. Napolitano a rappelé que la législature a été "un peu écourtée" par la démission de M. Monti formalisée le soir du 21 décembre mais annoncée il y a 15 jours quand le PDL de Silvio Berlusconi lui avait retiré son soutien au parlement. Il a rendu hommage à "un chef de gouvernement faisant autorité et capable".

Dans une Italie en récession et toujours vulnérable en cas de nouvelle tempête sur l'euro, l'ex-commissaire européen fait l'objet d'intenses pressions pour se présenter aux législatives à la tête d'une coalition qui regrouperait les ex-démocrates chrétiens et les laïcs du "Mouvement vers la Troisième République" de Luca di Montezemolo, patron de Ferrari.

Le "Professeur" devrait annoncer ses intentions le 23 décembre lors de sa conférence de presse de fin d'année.

Les chroniqueurs politiques qui, le 20 décembre encore, annonçaient sa "descente" dans l'arène politique étaient bien plus circonspects le 22 décembre. "Monti freine", titrait le Corriere della Sera, premier quotidien du pays, tandis que Repubblica évoquait "les doutes de Monti, tenté de dire non".

L'un des plus fervents partisans de M. Monti, Pier Ferdinando Casini, chef du parti centriste UDC, a confirmé ces incertitudes en soulignant que "quelle que soit la décision de M. Monti, elle sera respectée".

Selon la Stampa, Monti restera "en réserve de la République".

Il pourrait être un Premier ministre de secours s'il n'y avait pas de majorité claire au parlement en février, ou prendre la suite du président Napolitano, 87 ans dont le mandat s'achève à la mi-mai. Autre possibilité: succéder à Jean-Claude Juncker à la tête de l'Eurogroupe, un poste sur mesure pour l'ex-professeur d'économie.

Selon La Stampa, il se contentera le 23 décembre de présenter un "mémorandum" pour défendre la "cure amère" d'austérité imposée à la troisième économie de la zone euro et dresser la liste des "choses à faire".

Pour Stefano Folli, éditorialiste du Sole 24 Ore, M. Monti fait face "à un dilemme et à des obstacles hauts comme des montagnes": il comptait proposer aux Italiens une "révolution libérale en économie, un nouveau sens de l'État et un agenda pour avoir un rôle digne en Europe".

Mais les partis qui auraient soutenu la "Liste Monti" devaient faire le ménage pour ne soumettre que des "candidatures propres", un pari difficile face à l'ampleur des scandales de corruption qui ont touché le centre et la droite ces dernières années.

Autre problème: s'engager directement dans la course aux législatives signifiait rivaliser avec Pier Luigi Bersani, le chef de file de la gauche, favori pour devenir Premier ministre fin février, avec 30 à 35% des intentions de vote.

Mais aussi affronter Silvio Berlusconi, de nouveau en campagne depuis début décembre pour faire remonter dans les sondages son parti PDL est tombé à 15/20%. L'un des responsables de son parti Fabrizio Cicchitto a demandé samedi au président Napolitano de garantir que M. Monti resterait "neutre" pendant la campagne.

Le magnat des télévisions avait proposé à M. Monti de lui céder la place à la tête d'une coalition de centre-droit incluant le PDL, mais, selon lui, le "Professeur" n'a même pas daigné lui répondre.

La rupture entre les deux hommes est totale et le Cavaliere, tonique à 76 ans, multiplie les critiques acerbes contre l'exécutif sortant, soumis, selon lui, aux diktats d'une Allemagne "hégémonique en Europe".

Autre élément plaidant contre une candidature Monti : il y perdrait son image d'homme au-dessus des partis. Or, pendant les 13 mois de son mandat, il est resté populaire (autour de 40%) malgré la dureté des mesures adoptées justement grâce à cette réputation. Selon un sondage de l'institut SWG réalisé les 18 et 19 décembre, publié le 22 décembre, 60% des Italiens sont contre sa candidature pour telle ou telle formation.

En outre, selon le même sondage, s'il était candidat, la nébuleuse centriste passerait seulement de 9,4% des intentions de vote à 15,4%. Trop peu pour ce grand commis habitué à être le premier de la classe.

AFP/CVN

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