Le Vietnam à la conquête de l'espace

Dans l'optique de stimuler le secteur aérospatial national, le gouvernement a promulgué en avril la Stratégie pour le développement et l'application des sciences et technologies spatiales à l’horizon 2030.

Au Centre spatial national du Vietnam (VNSC), pionnier dans les technologies spatiales.
Photo : VNA/CVN

Ces dernières années, les sciences et technologies spatiales ont joué un rôle de plus en plus important dans le développement socio-économique, la sécurité et la défense du pays. Dans ce domaine, le Vietnam a notamment renforcé sa coopération avec plusieurs pays dont le Japon, les États-Unis et la Russie.

Conçu et fabriqué par des jeunes ingénieurs vietnamiens du Centre spatial national du Vietnam (VNSC), NanoDragon a passé les derniers tests au Japon et fait partie des 15 satellites sélectionnés par l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA) pour le lancement effectué par la fusée Epsilon 5, prévu le 1er octobre.

La course vers le ciel

Selon Lê Xuân Huy, directeur général adjoint du VNSC, relevant de l’Académie des sciences et technologies du Vietnam, et chef du groupe de recherche sur le NanoDragon, l’un des aspects innovants de ce satellite est l’utilisation de la technologie de faisceau de microsatellite pour recevoir les signaux du système d’identification automatique (AIS), à des fins de suivi et de surveillance des navires en mer.

Pham Anh Tuân, directeur général du VNSC, a indiqué que la conquête spatiale revêtait un fort caractère national. Le domaine spatial est une industrie de haute technologie qui requiert des compétences de pointe dans de nombreux secteurs, afin de fabriquer des satellites, missiles, lanceurs, stations au sol… C’est ainsi dans ce domaine que les pays montrent leur force technologique et leur grandeur nationale. Par conséquent, le développement des technologies spatiales, notamment la maîtrise de la technologie de conception et de fabrication des satellites, est très importante.

La conquête spatiale revêt un fort caractère national.
Photo : VNA/CVN

"Chaque pays a sa propre approche des technologies spatiales. Par exemple, se concentrer sur l’achat de données satellitaires d’un autre pays ou maîtriser progressivement les technologies spatiales, le Vietnam a choisi la seconde, bien que ce soit une direction qui nécessite du temps, des investissements et il faut relever de nombreux défis", a fait remarquer Pham Anh Tuân.

Le chef adjoint du Département des hautes technologies relevant du ministère des Sciences et Technologies, Dào Ngoc Chiên, a précisé que dans les temps à venir, les activités de recherche en technologies spatiales passeront à une nouvelle étape, avec une nouvelle approche, qui consiste à développer une véritable industrie spatiale du Vietnam.

Le Parti et l’État attachent depuis longtemps une attention particulière à l’exploitation de l’espace. Ainsi, c’est en 1976 que le Vietnam a commencé à étudier les applications des technologies spatiales au service de son développement socio-économique, en créant un Comité national pour la recherche en la matière.

En 1980, à bord de la fusée russe Soyouz 37, Nguyên Tuân, premier cosmonaute asiatique, a effectué des expériences dans l’espace avec son collègue russe Viktor V. Gorbatko.

En 2010, le Comité spatial du Vietnam a été fondé, avec comme mission de développer les technologies spatiales et leurs applications.

Bien que le Vietnam possède d’ores et déjà des groupes de recherche pour produire des satellites, les ressources humaines sont encore limitées.
Photo : VNA/CVN

Et c’est en avril 2021 que la Stratégie pour le développement et l’application des sciences et technologies spatiales à l’horizon 2030 a été approuvée, visant à stimuler l’application généralisée de nouveaux acquis en la matière au service de tous les aspects socio-économiques, contribuant à garantir l’indépendance, la souveraineté, l’intégrité territoriale et les autres intérêts nationaux.

La stratégie a défini de nombreuses tâches et solutions pour le développement et l’application des sciences et technologies spatiales d’ici à 2030, notamment : compléter le cadre institutionnel et juridique national ; investir dans la recherche scientifique et développement technologique, la construction d’infrastructures techniques ; développer des ressources humaines en la matière et le marché ; renforcer la coopération internationale et la sensibilisation aux sciences et technologies spatiales. En particulier, l’investissement dans la construction d’infrastructures techniques est une tâche essentielle et fondamentale pour le développement des sciences et technologies spatiales.

Concernant les domaines clés d’investissement, le Vietnam s’efforce de maîtriser les technologies de conception, de production et d’intégration de capteurs optiques et de radars dans les satellites d’observation de la Terre. Il faudra être aussi en capacité d’assembler, intégrer et examiner de petits satellites à haute et très haute résolution dans le pays ; maîtriser les technologies de conception et de fabrication de terminaux, de stations terriennes de contrôle et de collecte de données satellitaires ainsi que de transpondeurs pour satellites de télécommunications ; développer la capacité de positionnement et de navigation du Vietnam ainsi que réduire sa dépendance vis-à-vis des systèmes de positionnement global existants.

Formation des ingénieurs de l’aérospatial

Pour réaliser ces objectifs, le pays aura besoin de ressources humaines très compétentes. C’est pourquoi au cœur de la stratégie se trouve aussi la formation : la création et la modernisation d’au moins cinq établissements de formation ; le développement du programme de formation et l’élaboration des normes de sortie pour les majors de l’aéronautique et des vols spatiaux ; le renforcement des groupes de recherche, dont environ cinq groupes sur les sciences spatiales et 15 groupes sur les technologies spatiales ; l’organisation de cours de formation intensifs sur les compétences pour l’élaboration de politiques, la mise en œuvre de la gestion de l’État et l’encouragement aux start-up axées sur l’innovation dans ce domaine.

Aux dires de Dào Ngoc Chiên, afin qu’il puisse exploiter pleinement ses potentiels, le Vietnam doit former environ 300 experts et 3.000 ingénieurs en sciences et technologies spatiales, parallèlement à la modernisation d’une dizaine de laboratoires spécialisés et au développement de solides groupes de recherche sur les sciences et technologies spatiales et leur application.

"Bien que le Vietnam possède d’ores et déjà des groupes de recherche pour produire des satellites, les ressources humaines sont encore limités", a constaté Bùi Trong Tuyên, directeur de l’Institut des technologies spatiales, relevant de l’Académie des sciences et technologies du Vietnam. Il souhaite que dans l’avenir, les investissements dans les technologies spatiales soient davantage concentrés et qu’avec la diversification des ressources, de grands centres d’études spatiales puissent voir le jour. C’est une condition essentielle pour créer une prémisse importante pour la prochaine étape de la formation de l’industrie spatiale.

Quant au ministère des Sciences et des Technologies, il continuera d’œuvrer pour améliorer le cadre juridique et réaliser des percées selon la Résolution du XIIIe Congrès national du Parti communiste vietnamien. Il cherchera à encourager le secteur privé à investir massivement dans les sciences et technologies spatiales. Il se concentrera également sur le développement du technopôle de Hoà Lac à Hanoï pour en faire un centre de recherche et de développement de hautes technologies.

Phuong Nga/CVN

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