Le train est arrivé à la station de déchargement de Dannenberg à 04h04 GMT, plus de 109 heures après son départ de Valognes (France), ce qui constitue d'ores et déjà un record parmi les 13 convois partis depuis 1995 de la France vers Gorleben.
Les onze conteneurs transportant des déchets nucléaires allemands retraités à l'usine Areva de La Hague seront chargés sur des camions dans le courant d'hier, une opération qui devait prendre au moins 12 à 15 heures, selon la police.
Les camions devront ensuite parcourir à vitesse réduite une vingtaine de kilomètres qui les séparent de l'ancienne mine de sel de Gorleben, reconvertie en site temporaire de stockage pour les résidus hautement radioactifs.
Tout au long de la journée du 27 novembre, le convoi a été considérablement ralenti par les militants anti-nucléaires.
Quatre agriculteurs locaux, qui s'étaient enchaînés aux voies ferrées et avaient coulé un bloc de béton pyramidale par-dessus, ont notamment résisté 14 heures, à Hitzacker, aux efforts de la police pour les déloger. Ils ont finalement accepté de se libérer, peu après 21h00 GMT.
Le transport en camion devait lui aussi trouver sur son chemin nombre d'obstacles. Un millier de personnes sont ainsi déjà installées aux abords immédiats du site de Gorleben, malgré la pluie tombée dans l'après-midi.
Le 27 novembre, la police avait évacué plusieurs milliers de manifestants occupant la voie ferrée menant à Dannenberg, interpellant 1.300 d'entre eux qui s'étaient activement opposés à l'opération.
Les deux camps s'étaient accordés pour décrire l'atmosphère lors de l'occupation comme bon enfant jusqu'à l'évacuation. "Il y a eu des feux de camps, de la musique, on apportait à manger" aux manifestants, a raconté Mechthild Magerl, de l'association "Widersetzen" (S'opposer), organisatrice de cette action.
Vers 01h00 GMT, les forces de l'ordre ont sommé les manifestants de quitter les lieux. Certains se sont écartés volontairement, mais les récalcitrants, largement majoritaires, ont dû être portés un par un par la police. Ils ont été ensuite menés dans un champ où des dizaines de véhicules de police, garés pare choc contre pare choc, formaient un vaste enclos en triangle. Ils ont été gardés plusieurs heures en garde-à-vue à cet endroit.
Toujours lors de la nuit précédente, la police avait évacué sept militants de l'organisation écologiste Greenpeace qui s'étaient enchaînés aux voies à proximité de Lüneburg. Elle avait dû pour cela couper un morceau des rails.
Selon Jochen Stay, porte-parole de l'association Ausgestrahlt (Irradiés), "le nombre de participants aux opérations de blocage est toute aussi élevé que l'année dernière".
En novembre 2010, le précédent convoi avait mis 92 heures à parcourir les quelque 1.200 kilomètres séparant La Hague de Gorleben, ce qui faisait office de record jusqu'alors.
Environ 50.000 militants avaient livré une véritable guérilla écologistes aux 20.000 policiers mobilisés, quelques semaines après l'annonce par le gouvernement de la chancelière Angela Merkel d'une prolongation la durée de vie des centrales nucléaires de 12 ans en moyenne.
Le gouvernement est depuis revenu sur cette décision, après la catastrophe à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, en mars dernier. Mais le collectif d'associations qui dirige les opérations contre le convoi réclame une sortie plus rapide de l'Allemagne du nucléaire -actuellement prévue pour 2022- et qu'une solution définitive pour le stockage des déchets les plus dangereux soit trouvée.
AFP/VNA/CVN