Lê Tân Sitek : une plume trempée dans l’encre de la nostalgie

Architecte d’origine vietnamienne, Lê Tân Sitek a vécu plus de 60 ans loin du Vietnam, son pays d’origine. Elle a écrit un roman de deux tomes inspiré de son expérience personnelle, de son parcours atypique.

À 74 ans, l’architecte Lê Tân Sitek vient de présenter au public hanoien deux ouvrages : Môt minh trên duong (Seule sur le chemin) et Nga ba duong (Carrefour). Il s’agit de deux tomes d’un roman autobiographique, édité par les Éditions Tre (Jeunesse). L’auteur parle de sa propre vie et de ses attaches fortes avec son pays d’origine, le Vietnam.

Issue d’une famille de révolutionnaires, Lê Tân Sitek a vécu des expériences peu communes. Elle est née en 1939 à Hunan (Chine), avec comme nom de naissance Bui Ly Lê Tân. Ses parents, vietnamiens, y vécurent plusieurs années dans le cadre d’une mission révolutionnaire.

«Les années d’enfance au pays natal de mon père ont façonné ma personnalité », avoue Lê Tân, avec l’accent hanoien.

À l’âge de 5 ans, Lê Tân a connu le premier drame de sa vie : la mort de son père, des suites d’une maladie. Un an après, Lê Tân et sa jeune sœur sont revenues avec leur mère dans leur pays d’origine. Un périple pénible, en grande partie réalisé à pied.

Au Vietnam, Lê Tân a vécu pendant neuf ans avec sa grand-mère paternelle, ses oncles et tantes dans le village de Phô Dông, district de Nam Dàn, province de Nghê An (Centre), alors que sa mère était toujours en mission révolutionnaire à Hanoi. «Ces années d’enfance au pays natal de mon père m’ont beaucoup impressionnée», avoue Lê Tân, avec l’accent hanoien. Et d’ajouter que «mes années de vie au village révolutionnaire de Phô Dông, à côté de mes oncles et tantes qui étaient tous des révolutionnaires, ont façonné ma personnalité».

En 1955, Lê Tân a été envoyée par l’État faire des études de construction navale en Pologne. «J’étais la plus jeune de la délégation d’étudiants, j’avais 16 ans», se souvient-elle. Pendant ses années à l’étranger, Lê Tân a pris de grandes décisions : elle a laissé tomber la construction navale pour embrasser l’architecture, et a rencontré son futur mari Ryszard Sitek. Elle s’est mariée en 1962 avec cet homme polonais et a décidé de rester vivre dans son pays. Cinq ans après, le couple a immigré en Norvège où il vit jusqu’à présent. Ce n’est qu’en 1979, après 24 ans à l’étranger, que Lê Tân est retournée au Vietnam.

La nostalgie du Vietnam

La couverture du roman autobiographique Seule sur le chemin.

Cinq ans de vie en Chine, 10 ans au Vietnam, 12 ans en Pologne et 46 ans en Norvège. Malgré tout, Lê Tân Sitek n’a pas oublié sa langue maternelle. Elle l’utilise bien, tant à l’oral qu’à l’écrit. «Le vietnamien est ancré dans mon sang», explique-t-elle, ajoutant que comme les revues et journaux en vietnamien sont rares en Pologne et en Norvège, elle lit ce qui concerne le Vietnam en polonais. «Mes deux fils, qui ne connaissent pas le vietnamien, sont toujours en quête de documents sur le Vietnam écrits en polonais et norvégien pour me les offrir», raconte-t-elle. Mais désormais, grâce à l’Internet, Lê Tân accède facilement aux informations sur son pays d’origine.

C’est le mal du pays qui a motivé l’écriture de ses deux romans autobiographiques. «L’écriture est pour moi une façon d’exprimer ma nostalgie», déclare l’auteur. D’autre part, «j’ai des replis dans le cœur que je veux partager. Ma vie a eu plusieurs carrefours, la décision de rester à l’étranger avec mon amoureux a été l’un des principaux». Des regrets de l’auteur, «ma vie au Vietnam a été trop courte. Durant mes années à l’étranger, l’histoire vietnamienne a connu beaucoup de changements importants auxquels je n’ai pas pu prendre part».

Le livre Seule sur le chemin a été écrit en vietnamien puis traduit en polonais par l’auteur elle-même. Carrefour, le second, a connu le chemin inverse. Ces deux livres de Lê Tân Sitek ont été bien appréciés en Pologne. Seule sur le chemin a été vendu à 3.000 exemplaires les trois premières semaines après sa publication en 2010. «Mon livre aide les Polonais, amoureux de la lecture, à s’apercevoir que la vie des Vietnamiens n’est pas étrangère à la leur», estime Lê Tân Sitek. Elle a aussi présenté ses livres à Hô Chi Minh-Ville et à Nghê An, sa province d’origine.

Hoàng Hoa/CVN

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