Le nouveau maire de Buford veut promouvoir le café vietnamien

Seize mois après être devenu le propriétaire et le maire de la petite ville de Buford (État du Wyoming, États-Unis), le Vietnamien Pham Dinh Nguyên a décidé de la renommer Phin Deli. «Phin, ça veut dire filtre de café ; et Deli, le délice. Bref, un café délicieux», explique-t-il.

Pour Pham Dinh Nguyên, rebaptiser le bourg, dont il est l’unique habitant, est facile, car «c’est un lieu non administratif et possédé par un seul homme». Et de révéler ensuite son ambition d’ouvrir un comptoir de 200 m² qui offrira aux gens de passage une tasse de café préparée à la vietnamienne, du même nom que le bourg : Phin Deli. Dans le même temps, il proposera à la vente des paquets de 250g ou 500g.

Le 3 septembre, le nouveau nom du bourg - Phin Deli - sera annoncé officiellement.

Une opération purement marketing. «Depuis longtemps je souhaitais faire entrer une spécialité de mon pays d’origine sur le marché américain. J’ai pensé au café vietnamien dont la saveur est exquise, et le procédé de filtration, des plus singuliers», confie-t-il. Si le Vietnam est le deuxième exportateur mondial de café, il n’existe quasiment pas de label de café vietnamien connu à l’étranger. «Ce point m’a laissé pensif. S’il ne m’a fallu que trois jours pour décider l’achat de Buford, j’ai réfléchi huit mois au nom de Phin Deli. J’espère que mon bourg servira de tremplin au café vietnamien, de marque Phin Deli bien sûr».

Un triple événement
Selon le calendrier prévu, le 3 septembre, le nouveau nom du bourg - Phin Deli - sera annoncé officiellement. «Ce jour marquera un triple événement : le changement de nom de mon bourg, l’ouverture du café Phin Deli et l’apparition au Vietnam du label +café Phin Deli+», s’enthousiasme Pham Dinh Nguyên, également directeur général de la Compagnie de services et de distribution internationale IDS dont le siège est à Hô Chi Minh-Ville.
Afin de transformer la boutique qu’il possédait auparavant en café, Pham Dinh Nguyên a dû passer par toute une série de formalités pour enfin recevoir l’approbation de l’Administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments (Food an Drug Administration – FDA).
Il ne cache pas sa confiance en l’avenir du café vietnamien, et du sien notamment, sur le territoire américain. «Avec son goût particulier, il est en mesure de faire honneur à cette ville miniature vieille de 147 ans. Dans ce lieu désormais nommé Phin Deli, chaque personne de passage deviendra un ambassadeur du café Phin Deli partout aux États-Unis», confie-t-il.
Avenir prometteur
Pour faire connaître son produit, Pham Dinh Nguyên compte profiter de l’intérêt qu’a suscité la vente aux enchères de son bourg. Pas besoin donc de publicités supplémentaires. D’autant qu’un encart dans un média national coûte excessivement cher : 500.000 dollars pour une page sur The Wall Street Journal, 100.000 dollars pour un spot télévisé... «Franchement, je n’ai pas suffisamment d’argent pour me payer de telles publicités. Par contre, je compte faire connaître mon café grâce à Internet, grâce à l’histoire exceptionnelle du bourg de Buford, la plus petite ville américaine, vendu aux enchères», révèle-t-il. À cela viennent s’ajouter des panneaux publicitaires le long de l’autoroute reliant Cheyenne (capitale du Wyoming) à sa localité.

Pham Dinh Nguyên à la station-essence de la ville dont il est l’unique habitant.

L’entrepreneur a déjà réfléchi à un réseau de distribution. «Dans l’immédiat, on fera de la vente en ligne sur Amazon», précise Pham Dinh Nguyên. Et d’ambitionner d’introduire le café Phin Deli dans des chaînes de supermarchés américaines. «On visera d’abord des chaînes gérées par les Asiatiques, avant de s’intéresser aux plus prestigieuses comme Wal-Mart, Cosco…».
L’homme est bien conscient que la conquête du marché américain par son café ne se fera certainement pas sans difficulté. «Je suis motivé et compte faire tout mon possible pour matérialiser mon rêve», conclut-il.

Un bourg américain et son maire vietnamien

La ville abritait autrefois 2.000 habitants avant que le chemin de fer ne cesse de s’y arrêter. Les gens étaient alors partis peu à peu jusqu’à ce que le panneau d’entrée de la localité se mette à annoncer : «Buford. Population : 1».
Don Sammons qui est venu s’y installer dans les années 1980, avait acquis la ville en 1992 avec sa femme et son fils. Mais à l’heure de la retraite, après le décès de son épouse et avoir vu son fils déserter les lieux, il a estimé qu’il était désormais temps de passer à autre chose.
En avril 2012, Pham Dinh Nguyên, un homme d’affaires vietnamien, a déboursé 900.000 dollars lors d’une vente aux enchères organisée par Williams &Williams, pour devenir l’unique propriétaire de Buford. «En un quart d’heure seulement, nous sommes passés de 100.000 à 900.000 dollars», se souvient celui qui est désormais le maire de Buford. Un seul habitant, une maison de trois pièces, un magasin, une station-essence et une cabine téléphonique. La station-essence accueille environ 1.000 clients par jour.
Située à 2.400 mètres d’altitude et balayée par les vents, la petite bourgade de 4 hectares revendique le titre de la plus petite ville des États-Unis.

Nghia Dàn/CVN


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