Le renseignement dévoile ses failles aux Etats-Unis

Les services de renseignement américains ont étalé le 20 janvier leurs faiblesses, révélées par l'attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit, devant des parlementaires qui ont réclamé les têtes des responsables de ces manquements.

«Je veux être clair : (Umar Farouk) Abdulmutallab n'aurait pas dû monter dans un avion le jour de Noël", a reconnu d'emblée devant la commission de Sécurité intérieure du Sénat le directeur du Centre de lutte antiterroriste (NCTC), Michael Leiter. "Le système de lutte antiterroriste a connu un échec collectif", a admis M. Leiter, dont l'agence, créée après le 11-Septembre, doit coordonner les différents services de renseignement américains. "J'ai dit au président (Barack) Obama que nous étions déterminés à mieux faire", a-t-il ajouté, témoignant aux côtés de la ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, et du directeur du renseignement national auprès de M. Obama, Dennis Blaire.

Cette commission du Sénat a diligenté une enquête pour faire la lumière sur l'attentat manqué du vol 253 entre Amsterdam et Detroit et expliquer comment M. Abdulmutallab, un Nigérian de 23 ans, a pu déjouer les contrôles de sécurité et embarquer avec des explosifs cachés dans ses sous-vêtements.

Le chef du NCTC a rappelé que les services de renseignement savaient qu'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP) préparait peut-être des attentats aux États-Unis et que le père du jeune homme avait indiqué aux autorités américaines que celui-ci était "sous l'influence d'extrémistes" au Yémen. "Nous avions une partie d'un nom, une indication sur un Nigérian mais rien qui permettre de tout mettre ensemble", a poursuivi M. Leiter. "Nous n'avons pas mis en corrélation les informations qui auraient permis d'identifier Abdulmutallab et de l'empêcher de monter dans l'avion le jour de Noël", a-t-il admis, devant cette commission.

Les 3 responsables ont été notamment sommés d'expliquer pourquoi le visa américain du jeune homme ne lui avait pas été retiré, malgré les informations livrées par son père à l'ambassade des États-Unis au Nigeria. "On travaillait tous ensemble, mais on ne savait pas qui était au bout de la chaîne de décision", a concédé M. Blaire.

Certains sénateurs, l'ancien candidat républicain à la Maison Blanche John McCain en tête, les ont pressés d'identifier des fautifs. "Dans mon expérience (à la marine), quand le commandant d'un navire commet une erreur, il est tout de suite mis aux arrêts", a lancé le sénateur de l'Arizona. "Nous sommes dans une guerre mondiale contre les terroristes islamistes qui nous ont attaqués le 11-Septembre (... ). Et nous sommes tous d'accord sur une chose : en guerre, des erreurs sont commises constamment", a déclaré le président de la commission, Joseph Lieberman. "Et dès qu'elles ont lieu, et que l'ennemi s'engouffre dans ces failles, immédiatement (...) vous établissez les responsabilités", a asséné ce sénateur indépendant.

"Nous menons une enquête", a rétorqué le directeur du renseignement national auprès de M. Obama, disant attendre de savoir ce qui s'est vraiment passé pour prendre des mesures. "La menace évolue constamment", a remarqué Mme Napolitano, pour qui cet attentat manqué démontre que "la sécurité aérienne est de plus en plus une responsabilité internationale".

Elle a indiqué qu'elle partait mercredi soir pour l'Espagne afin de discuter de cette question avec ses homologues européens.

Dans l'immédiat, son ministère va se doter de 450 scanners corporels en 2010, contre 40 actuellement, et renforcer le nombre des "air marshals", ces policiers en civil déployés sur certains vols, a indiqué Mme Napolitano.

AFP/VNA/CVN

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