"Deux kamikazes ont actionné leur ceinture d'explosifs. Deux chauffeurs ont été tués et un garde de sécurité a été blessé", a déclaré le chef des enquêtes criminelles de la police de Kaboul, Sayed Abdul Ghafar Sayedzada, présent sur place. Il a précisé que la pension, située dans le centre de Kaboul, était occupée par une société privée de sécurité.
À Londres, un responsable de la société privée de sécurité Hart, qui a notamment des bureaux à Kaboul, Bagdad, Moscou, Singapour et Chypre, a indiqué qu'"un incident s'était produit près de la villa de Hart" dans la capitale afghane. "Des locaux ont été blessés", s'est contenté de dire ce responsable.
Un journaliste de l'AFP sur place a pu voir 3 corps gisant sur le sol près de l'entrée de la pension. Mais il n'était pas possible dans l'immédiat de dire s'il s'agissait de corps de civils ou de kamikazes.
Un garde de Hart, Abdul Sami, témoin de l'attaque, a déclaré que les kamikazes avaient tué 2 chauffeurs en approchant de la maison avant de tirer sur la porte, blessant un garde à la jambe. "Quand ils ont vu que la porte ne pourrait pas être ouverte, ils ont fait le tour. Et ils ont actionné leur ceinture d'explosifs", a dit Abdul Sami. Les attaques des insurgés, notamment des attentats suicide, se multiplient ces 2 dernières années à Kaboul, et visent de plus en plus fréquemment les Occidentaux.
L'attentat contre Hart est intervenu le jour même où le porte-parole de M. Karzaï, Waheed Omar, annonçait que le président avait l'intention d'interdire l'activité des compagnies privées de sécurité en Afghanistan.
"La dissolution des compagnies privées de sécurité est un programme gouvernemental sérieux. La décision du président est claire et très bientôt, le président va fixer une date limite pour une dissolution des compagnies privées de sécurité", a déclaré M. Omar lors d'une conférence de presse.
Au préalable, le président Karzaï s'est entretenu avec les pays occidentaux qui le soutiennent, ainsi qu'avec les responsables américains et ceux de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) qui ont des contrats de sous-traitance avec les sociétés privées de sécurité, a affirmé M. Omar.
Ces sociétés ont mauvaise presse auprès des Afghans, qui leur reprochent parfois leur brutalité, notamment sur les routes du pays. Interrogé par l'AFP, le général Josef Blotz, porte-parole de la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF), a déclaré que le pays avait encore "besoin" de ces sociétés.
"Avec le temps, quand les forces afghanes de sécurité seront en place, on pourra se passer des compagnies privées de sécurité", a ajouté le général Blotz. À Washington, le Pentagone a minimisé l'annonce du porte-parole de M. Karzaï, assurant que les discussions se poursuivaient avec le gouvernement afghan. "Je ne crois pas qu'une décision ait été prise", a déclaré un porte-parole du Pentagone, David Lapan.
Cinquante-deux sociétés de sécurité privées - afghanes et étrangères - sont enregistrées en Afghanistan, où elles emploient quelque 40.000 personnes. Comme en Irak, où elles étaient apparues en force, elles sont devenues incontournables en Afghanistan, protégeant les convois de ravitaillement de l'OTAN ou le personnel expatrié qui travaille sur les programmes d'aide internationale, et participant à l'entraînement des forces afghanes de sécurité.
Les employés de ces sociétés sont en majorité des Afghans, les étrangers, souvent d'anciens militaires, assurant l'encadrement pour des salaires très élevés.
AFP/VNA/CVN