Guantanamo : les premières procédures de l'ère Obama déjà contestées

L'ouverture très attendue des premiers procès de l'administration Obama à Guantanamo a été marquée le 9 août par la polémique, un juge militaire ayant déclaré recevable des "aveux" que le jeune Canadien Omar Khadr dit avoir faits sous la contrainte.

Deux procédures se tiennent parallèlement dans les 2 salles d'audience construites par l'administration Bush pour 12 millions de dollars et appelées "Camp Justice" sur la base navale américaine de Guantanamo, à Cuba.

Le procès proprement dit d'Omar Khadr, arrêté en Afghanistan à 15 ans, devait s'ouvrir hier avec la sélection d'un jury et rentrer dans le vif des débats dès mercredi, selon les 2 parties. Mais le 9 août, lors de la dernière audience préliminaire à ce procès, le juge Patrick Parrish a créé la surprise en rejetant la demande de la défense que les "aveux" qu'Omar Khadr a pu faire dans les prisons de Bagram puis de Guantanamo ne puissent pas servir de base à l'accusation.

Le juge Parrish qui a pris le dossier en charge sous l'administration Bush avec des règles moins strictes pour l'accusation, n'a pas justifié sa décision.

La réforme très contestée des tribunaux militaires d'exception de Guantanamo préparée par l'administration Obama et votée par le Congrès à l'automne 2009 prévoit que "aucune déclaration obtenue sous la torture ou par un trai- tement cruel, inhumain ou humiliant, qu'elle ait été obtenue sous couvert de la loi ou non, ne peut être admise par une commission militaire".

Patrick Parrish avait écouté en avril pendant près d'une semaine les témoignages des différents militaires et agents fédé- raux qui ont interrogé Omar Khadr. Outre les privations de sommeil ou les positions inconfortables, un des interrogateurs avait raconté avoir inventé un scénario de viol pour l'impressionner. "C'est une honte", a estimé à l'issue de l'audience Denis Edney, avocat civil canadien du jeune homme. "Le juge Parrish doit retourner à l'école apprendre les bases du droit et de l'humanité", a-t-il ajouté.

Selon lui, Omar Khadr a décrit la décision du juge comme une "humiliation" pour lui et ses avocats. Âgé aujourd'hui de 23 ans, dont 8 à Guantanamo, Omar Khadr est le fils d'un haut responsable d'Al-Qaïda mort en 2003 et est poursuivi pour meurtre.

L'armée américaine l'accuse d'avoir lancé la grenade qui a tué un soldat américain lors d'une bataille fin juillet 2002 en Afghanistan.

Ses avocats dénoncent "le premier procès d'un enfant-soldat de l'histoire moderne".

Dans la 2e salle d'audience de Guantanamo, le Soudanais Ibrahim Al Qosi, ancien cuisinier et chauffeur de Oussama ben Laden, a commencé à comparaître pour connaître la longueur de sa peine après avoir plaidé coupable début juillet de complot et de soutien matériel au terrorisme.

AFP/VNA/CVN

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