"S'ils continuent de bombarder des maisons afghanes alors que le gouvernement le leur a interdit, alors leur présence sera considérée, non plus comme celle d'une force menant une guerre contre le terrorisme, mais comme celle d'une force d'occupation" , a déclaré le chef de l'État lors d'une conférence de presse. "Et l'histoire de l'Afghanistan a montré comment les Afghans s'occupent des forces d'occupation" , a-t-il averti.
Les Afghans ont combattu de nombreux envahisseurs à travers leur histoire. "Le bombardement de maisons afghanes est interdit" , a poursuivi M. Karzaï. "Cela doit cesser ou un jour nous devrons prendre une décision unilatérale pour que cela cesse" , a-t-il menacé, sans plus de détails.
Dimanche, il avait lancé un dernier avertissement" aux Américains, les sommant de cesser certaines opérations "unilatérales", au lendemain de la mort, selon les autorités locales, de 14 civils dont 10 enfants, dans une frappe d'hélicoptères sur deux maisons dans la province méridionale du Helmand.
L'armée américaine fournit les deux tiers des quelque 130.000 soldats de l'OTAN et assure le commandement militaire de la Région Sud-Ouest dont dépend le Helmand.
Sur un ton inhabituellement virulent, M. Karzaï avait qualifié cette bavure de "grave erreur" et de "meurtres d'enfants et de femmes afghans" .
Washington avait indiqué prendre "très au sérieux" et partager les "préoccupations" du président afghan. L'ISAF avait présenté ses excuses pour la mort de neuf civils" - un bilan différent de celui des autorités - et accusé des insurgés talibans qui venaient d'attaquer une patrouille de s'être réfugiés à dessein dans deux maisons où ils savaient que se trouvaient des civils.
Les pertes civiles sont un sujet sensible en Afghanistan, où dix ans de présence militaire étrangère alimentent le ressentiment anti-occidental. M. Karzaï, qui entretient des relations de plus en plus tendues avec ses alliés, reproche régulièrement à l'OTAN de faire des victimes civiles et de mener des opérations sans concertation avec l'armée afghane.
Quelque 132.000 soldats de l'OTAN soutiennent le gouvernement afghan face à l'insurrection que mènent les talibans depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001.
AFP/VNA/CVN