Les 14 habitants, dont dix enfants, ont été tués le 28 mai lorsque des hélicoptères, venus aider une position de la force de l'OTAN attaquée par des insurgés, ont tiré des roquettes sur deux maisons du Helmand, selon les autorités de cette province méridionale, bastion des talibans et où la coalition a enregistré ses plus lourdes pertes depuis le début du conflit fin 2001.
"Il a été dit et répété aux États-Unis et à l'OTAN que leurs opérations unilatérales et inutiles causaient la mort d'Afghans innocents et (...) violaient les valeurs humaines et morales, mais il semble qu'ils n'écoutent pas", a déclaré M. Karzaï dans un communiqué.
Sur un ton inhabituellement virulent, "le président a qualifié cet incident de grave erreur et de meurtres d'enfants et de femmes afghans" et a "adressé un dernier avertissement aux troupes et responsables américains".
La Région militaire Sud-Ouest de la force internationale de l'OTAN (ISAF), à laquelle est rattaché le Helmand, est sous commandement américain.
La Maison Blanche a indiqué que les États-Unis prenaient "très au sérieux" et partageaient les "préoccupations" du président afghan, et l'ISAF a présenté le 20 mai ses excuses pour la "mort de neuf civils", un bilan qui diffère de celui des autorités.
Selon l'ISAF, ses hélicoptères ont ouvert le feu sur un complexe dans lequel cinq insurgés avaient pris position après avoir attaqué une de ses patrouilles, et d'où ils continuaient à tirer.
"Malheureusement, nous avons découvert plus tard que le complexe, occupé à dessein par les insurgés, hébergeait des civils innocents", a indiqué l'ISAF, assurant qu'elle poursuivait son enquête.
M. Karzaï n'a en revanche pas évoqué une éventuelle deuxième bavure de l'ISAF mercredi au Nouristan (Nord-Est) et rendue publique le 28 mai.
Le gouverneur de cette province montagneuse où la rébellion est bien implantée a affirmé que 18 civils et 20 policiers avaient été tués dans une frappe aérienne le 25 mai, lors d'intenses combats ayant opposé les forces afghanes et de l'OTAN aux talibans qui menaçaient de s'emparer d'un district.
"Les policiers ont été tués par des tirs fratricides", a affirmé Jamalddin Badar, "les civils ont été tués parce qu'ils ont été confondus avec les talibans, habillés en civil et qui, à court de munitions, se sont réfugiés dans des habitations".
Les pertes civiles sont un sujet sensible en Afghanistan, où dix ans de présence militaire étrangère alimentent le ressentiment anti-occidental.
M. Karzaï, qui entretient des relations de plus en plus tendues avec ses alliés, reproche régulièrement à l'OTAN ces bavures dans des opérations menées sans concertation avec l'armée afghane.
Le 28 mai, avant que le drame du Helmand soit connu, il avait demandé à son ministre de la Défense de faire cesser les opérations menées "unilatéralement" par l'OTAN et de transmettre aux forces afghanes le contrôle des raids nocturnes.
Il avait également demandé à l'armée afghane de mener ses propres opérations, de manière indépendante.
Le 20 mai à Hérat, le complexe abritant l'Équipe provinciale de reconstruction (EPR), une unité civilo-militaire de l'OTAN gérée par l'Italie, a été attaqué, dans l'Ouest de l'Afghanistan.
Une explosion est survenue devant la porte de l'enceinte de l'EPR, selon ce journaliste qui entendait à la mi-journée des tirs venant de l'intérieur du complexe.
AFP/VNA/CVN