Pham Thoai Tuyên admire quelques-unes de ses pièces et archives. |
La maison ancienne de Pham Thoai Tuyên, 64 ans, est considérée comme un musée par ses nombreux visiteurs, avec ses vitrines thématiques. L’une abrite des antiquités de la culture Sa Huynh, l’autre, de celle du Cham Pa, et de même pour des céramiques de la dynastie des Nguyên (1802-1945), des monnaies anciennes...
Une collection inestimable
Sur un mur de sa maison, on remarque une «An Nam Dai Quôc hoa dô», littéralement Carte du Grand royaume de l’An Nam, publiée en 1838 par l’évêque Jean Louis Taberd. Point fort intéressant de cette carte, l’archipel Seu Cat Vàng - aujourd’hui Hoàng Sa ou Paracel pour les occidentaux - est mentionné comme appartenant à l’An Nam (*). M. Tuyên possède aussi d’anciens documents comprenant des listes de personnes ou de familles affectées aux missions dans l’archipel de Hoàng Sa pour borner ce dernier, affirmer puis veiller à la souveraineté de leur pays sur ces îles.
En fait, M. Tuyên reconnaît humblement être le descendant de 5e génération de Pham Huu Nhât, l’un des membres de cette flotte impériale de Hoàng Sa, qui fut l’un de ceux qui bornèrent l’archipel pour revendiquer officiellement la souveraineté du Vietnam sur cet archipel, exercée auparavant depuis plusieurs siècles. Un véritable héritage que d’être né dans une famille éduquée, cultivant les traditions et conservant les objets anciens, conduisant naturellement à une passion de collectionneur.
Dès sa jeunesse, M. Tuyên a consacré beaucoup de temps et d’efforts pour rechercher des objets anciens sur l’île de Ly Son. Quarante ans plus tard, inutile de trop longtemps s’étonner d’une collection de plusieurs milliers de pièces de toutes périodes et de toutes sortes : dont de raren sac phong (décrets royaux) et ân tin (sceau officiel)...
Une véritable érudition
«Parmi les pièces que je conserve, beaucoup sont en rapport avec la flotte royale de Hoàng Sa qui était principalement basée sur l’île de Ly Son, outre les archives, familiales ou non, sur l’ancêtre Pham Huu Nhât», précise M. Tuyên. Il explique alors que dans le passé, au sein de la famille Pham de l’île de Ly Son, des membres avaient pour tâche spécifique de conserver les archives importantes en papier de la maison communautaire, dont l’ordre à la flotte maritime royale de protéger la souveraineté sur Hoàng Sa.
Une partie de la collection de M. Tuyên. |
Cependant, avec le temps et les guerres, nombre de ces documents se sont dégradés jusqu’à perte. «Pour moi, les objets anciens sont des biens inestimables car leur présence me rappelle et me fait reconnaître à nouveau les contributions de nos pères. Je m’efforce de les préserver afin que les générations futures de Ly Son, et plus généralement du Vietnam, comprennent l’histoire de notre pays et son sens, et aient conscience de l’importance de préserver notre histoire et nos valeurs culturelles, celles du pays tout entier comme celles de leur région natale», partage M. Tuyên.
Pham Thoai Tuyên n’est pas seulement un collectionneur. Il est aussi la mémoire vivante de l’histoire de l’île de Ly Son. Il nous explique l’origine et la signification de la cérémonie rituelle pour les soldats de la flottille de Hoàng Sa qui est pratiquée dans son île. C’est aussi grâce à lui que nous connaissons non seulement l’origine, mais aussi le processus de modelage des figurines humaines en argile qui sont déposées dans les tombeaux des personnes décédées en mission à Hoàng Sa sans que l’on ait pu retrouver leur dépouille.
Patriotisme d’un citoyen
Ces dernières années, M. Tuyên a offert au Musée de la province de Quang Ngai plusieurs pièces et archives particulièrement précieuses, des preuves historiques incontestables de la souveraineté du Vietnam sur les archipels de Truong Sa (Spratly) et de Hoàng Sa, qui ont enrichi les archives historiques sur l’île de Ly Son. D’après Nguyên Dang Vu, chef du Service de la culture, des sports et du tourisme de la province de Quang Ngai, les dons de M. Tuyên relèvent du patriotisme et sont l’expression d’un modèle exemplaire de responsabilité d’un citoyen au regard de la défense de la souveraineté territoriale de son pays.
(*) An Nam est le nom de la province, de 618 à 939, correspondant environ au Centre du Vietnam actuel, avant l’indépendance acquise par le Dai Viêt. Par la suite, le mot a continué d’être employé par les Chinois pour désigner le Vietnam et l’usage a ensuite été repris par les Occidentaux durant le XVIIe, siècle pour désigner le Vietnam dans son ensemble. Enfin, le nom a servi à désigner le protectorat français de l’An Nam, de 1883 à 1945, au centre de l’Indochine française, le Nord du Vietnam étant alors le Protectorat français du Tonkin, et le Sud, la Cochinchine. Le nom du Vietnam, choisi par Gia Long, premier empereur de la dynastie des Nguyên, sera repris avec la Déclaration d’indépendance de 1945, puis à l’indépendance en 1954.
Quê Anh/CVN