De jeunes gazettophiles passionnés

Parmi les amateurs de livres anciens, Nguyên Phat Hà Giang, Ta Thu Phong et Trinh Hùng Cuong se distinguent pour leurs riches collections de la presse en vietnamien de la période 1865-1965, particulièrement en quôc ngu (écriture romanisée).

Ces trois collection-neurs ont un point commun : tous sont passionnés d’anciens journaux sans être journaliste professionnel.

Nguyên Phat Hà Giang.

Originaire de Nha Trang (province de Khanh Hoà, Centre), Nguyên Phat Hà Giang, un employé chez l’opérateur mobile Vinaphone, a commencé à s’intéresser très jeune (seulement huit ans) à la numismatique. Puis sa passion pour la littérature l’a poussé à rechercher et rassembler des documents littéraires dont d’anciens journaux. Actuellement, sa collection compte environ 200 publications, dont des nombreuses datant d’avant 1945 : Gia Dinh bao, Dai Nam Dang cô tùng bao, Nam Phong tap chi, Dông Phap.

M. Giang s’est particulièrement épris pour l’aspect esthétique du Dai Nam dông van nhât bao, - débaptisé Dai Nam Dang cô tung bao depuis 1907-, un journal officiel créé avant 1900 et publié dans le Tonkin et l’Annam (Nord et Centre de l’actuel Vietnam). La publication, captivante, arborait aux quatre coins de sa Une des illustrations des quatre animaux sacrés (dragon, licorne, tortue et phénix) en plus d’idéogrammes chinois. Depuis le lancement de sa collection, le Dai Nam dông van nhât bao occupe la tête de liste de ses préférences.

«J’ai été ravi d’apprendre qu’un habitant de Bac Ninh en possédait un exemplaire», raconte-t-il. Immédiatement, il se rend sur place pour s’offrir la perle rare... au prix d’un mois de salaire.

À chaque fois que des souvenirs ravivent sa mémoire, il se rappelle que le travail du collectionneur obéit parfois à des circonstances fortuites. «Plus on patiente, plus immense est le bonheur de trouver l’objet convoité», lâche-t-il.

Un œil d’expert

Ta Thu Phong.

Ta Thu Phong, un avocat de 40 ans habitant à Hanoi, a 20 ans d’expériences dans le domaine. Deux grosses décennies durant lesquelles il s’est constitué une collection variée : Phu nu Tân Van, Gia Đinh bao, Nông cô mim dàm, Dong Phap, des revues spécialisées, féminines ou de jeunesse, tout y est. Dans son grenier sont soigneusement rangés deux numéros du Nông cô mim dàm, premier journal économique du Vietnam paru le 1er août 1901 et la plus vieille publication de sa collection, un journal publié en 1872 et obtenue grâce un ami bibliophile.

Il partage avec passion ses connaissances des vieux journaux, qui sont témoins à la fois de l’ancien style journalistique et de l’histoire de l’imprimerie. «Jadis, l’alphabet vietnamien manquait les lettres r, gi, x ou s et il y avait un tiret entre deux mots», affirme-t-il. Avant de renchérir : «Si le contenu informe sur la situation économique et sociale de chaque période, la matière du papier éclaire sur l’histoire de l’imprimerie au Vietnam. Pendant l’époque coloniale, on utilisait d’abord le papier +do+ (à base d’écorce d’un arbre tropical appelé Rhamnoneuron), puis le papier de paille. Et les collectionneurs expérimentés pouvaient facilement identifier l’année de publication d’un journal rien qu’en observant son papier».

Des journaux des trois collectionneurs exposés à Hanoi.

Cependant, l’humidité du Nord du Vietnam ne facilite pas la conservation. Il faut conserver les papiers au frais (à une température de 20°C). À défaut se contenter du déshumidificateur, ou des méthodes traditionnelles de conservation tels que la chaux en poudre et le poivre moulu afin d’éloigner termites et vrillettes. Ce qui garantit aux papiers résistance et longue conservation. «La moindre négligence se paie très cher. Si je n’y prends garde, les termites rongent tout. Plus d’une fois j’ai été attristé de voir mes journaux endommagés», confie-t-il. La tâche est d’autant plus ardue qu’il ne met jamais en réserve ses journaux. «La presse doit parvenir aux lecteurs», estime-t-il. Régulièrement, son domicile reçoit des lecteurs, dont de nombreux étudiants souhaitant partager leur passion de la lecture.

Une collection complète

Trinh Hùng Cuong.

Trinh Hung Cuong, 33 ans, originaire de la province de Bac Ninh, est ingénieur électricien et gazettophile depuis 17 ans. C’est de son grand-père qu’il a hérité de cette passion pour les livres et les journaux. Devenu depuis une passion dévorante, il y a consenti efforts, temps et gros moyens financiers.

Sa collection rassemble plusieurs périodiques, particulièrement les premiers journaux en vietnamien : Gia Dinh bao et Thong loai khoa trinh (miscel-lanées, lectures instructives pour les élèves), ce dernier, sorti en 1888, est un des premiers journaux privés du Vietnam, peu connu.

Actuellement, cette collection est riche de centaines de titres, dont des milliers de journaux parus avant 1945. Il rêve de réunir des colletions complètes. Jusqu’ici, il a presque achevé celle de la revue Nam Phong. En revanche, pour d’autres plus rares telles que Gia Dinh bao (paru en 1865), il n’en détient que quelques numéros.

Phuong Thao/CVN

 

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