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Dans la sarl Yamato Industries Vietnam, implantée dans la zone indistrielle de Quê Vo, province de Bac Ninh. |
De nombreux ouvriers de la zone industrielle (ZI) de Quê Vo, province de Bac Ninh (Nord) sont diplômés d’universités ou d’IUT. Nguyên Van Duoc est l’un d’entre eux. Diplômé en 2013 de la filière Automatique de l’Université de l’industrie de Hanoi, il a cherché pendant six mois un emploi en rapport avec sa formation. Mais il a dû se résoudre à accepter un emploi comme ouvrier dans cette ZI, pour un salaire mensuel de 5 millions de dôngs.
«Pour gagner ma vie, être autonome, j’ai été obligé d’accepter un job sans lien avec ma formation», déplore-t-il. D’ajouter que «la plupart de mes amis de classe exercent eux aussi un emploi sans lien direct avec leurs études».
Des talents mal employés
Toujours dans la ZI de Quê Vo, Vân Anh est chargée de l’achat des matières premières de la Sarl Samsung de Bac Ninh. Elle est diplômée depuis 2013 de la filière Comptabilité de l’Université de l’industrie de Hanoi. Après un an de recherche d’un emploi conforme avec son diplôme, elle a accepté de travailler pour cette entreprise. «Je suis ouvrière de Samsung Bac Ninh depuis un an, et gagne 5 millions de dôngs par mois, à quoi s’ajoutent 2 à 3 millions de dôngs pour les heures supplémentaires. Un tiers des ouvriers employés ici sont diplômés de l’enseignement supérieur. Mais je continue d’espérer trouver un jour un emploi en rapport avec ma formation», partage-t-elle.
Pour sa part, Phùng Thi Lich a été formée en comptabilité à l’Université d’économie (Université nationale de Hanoi). Elle vient d’être recrutée comme magasinière par une entreprise sud-coréenne. «Après un an de recherche d’emploi infructueuse, je me suis aperçue que les diplômés en comptabilité avaient du mal à trouver un emploi en raison d’une offre supérieure à la demande. De plus, les patrons ne recrutent que des employés ayant de l’expérience, des capacités de travail en équipe et un bon niveau de langues étrangères. Mes amis de classe ont tous trouvé un emploi, mais la moitié dans un secteur différent de celui auquel leur formation
les avait préparés», fait-elle savoir.
Vân Anh et Phùng Thi Lich sont victimes d'un phénomène répandu : la surqualification. En d'autres termes, elles occupent une fonction qui exige normalement un niveau de compétences inférieur à ce qu'elles ont acquis. Cela s’appelle du capital humain gaspillé.
Situation guère plus reluisante dans la mégapole du Sud. Même bardés de diplômes, les jeunes mettent en moyenne un à deux ans pour trouver leur premier emploi, souvent sans adéquation avec leur formation. Entré dans la vie active depuis deux ans, Nguyên Dinh Phong, diplômé de la filière Management de l’École supérieure de l’économie et de l’industrie de Hô Chi Minh-Ville, vend… des fruits et légumes au marché Tân Thoi Hiêp, dans le 12e arrondissement.
«Sorti de l’école depuis longtemps, je n’ai pas encore trouvé d’emploi en lien avec mon diplôme. En cause : mon manque d’expériences et une offre qui dépasse la demande. Ce travail me permet de gagner en moyenne de 300.000 à 400.000 dôngs chaque jour. Il me satisfait pour l’instant, et il faut bien gagner sa vie !», confie-t-il.
Problème d'inadéquation entre offre et demande
Vu Thi Thanh Liêu, une responsable du Centre de placement de Hanoi, fait savoir que lors des foires à l’emploi, la plupart des entreprises ont besoin de recruter des travailleurs de niveau secondaire. Or les candidats sont pour la plupart diplômés d’universités dans des secteurs comme le management, la comptabilité, l’économie… Beaucoup d’entre eux doivent alors accepter un travail n’ayant aucun rapport avec leur formation, en espérant que la situation sera temporaire.
Une récente foire d'emplois dans la province de Binh Dinh (Centre). |
Photo : Anh Tuân/VNA/CVN |
Selon le Centre de prévisions sur les besoins en main-d’œuvre et d’informations sur le marché de l’emploi de Hô Chi Minh-Ville, chaque année, la mégapole du Sud enregistre 80.000 nouveaux diplômés de niveau universitaire et 50.000 de niveau secondaire. Parmi eux, 80% trouvent un emploi, mais seulement la moitié dans leur branche.
Selon son vice-directeur Trân Anh Tuân, «la cohorte des travailleurs hautement qualifiés croît à un rythme bien plus rapide que la capacité des employeurs à les absorber. Autrement dit, l'offre a dépassé la demande. S’y ajoute un manque de prévisions sur les besoins des secteurs économiques».
En outre, l’une des causes majeures du chômage des diplômés découle des lacunes du système d’éducation qui met trop l’accent sur les enseignements théoriques. La formation pratique nécessaire pour trouver du travail est quasi inexistante. De plus, certaines universités ont une qualité de formation insuffisante par rapport aux besoins des entreprises.
Face à cette situation, il est important qu’il y ait une participation gouvernementale pour faciliter l'insertion professionnelle des étudiants. Le ministère de l'Éducation doit élargir et faciliter l'accès aux statistiques sur le marché de l'emploi, les perspectives et l'éducation. Et les établissements d'enseignement ont intérêt à écouter davantage les employeurs et à faire preuve de flexibilité.
On reproche souvent aux universités d'être lentes et empêtrées dans la lourdeur bureaucratique lorsqu'il s'agit d'ajuster le contenu de leurs programmes. Mais les entreprises ont aussi une responsabilité sociale. Comme la modification d'un programme universitaire n'est pas une mince tâche, les industries ont le devoir d'envoyer des signaux crédibles aux universités quant à leurs exigences.