Sans les aides, le combat contre le VIH devra continuer

Ces dernières années, le Vietnam a pris à bras le corps la lutte contre le virus du sida. Cependant, les risques de voir une explosion de l’épidémie sont réels, les aides internationales prenant fin en 2017. Le gouvernement a toutefois un large rayon d’action à sa disposition.

Examen clinique d’un séropositif dans le Centre de prévention et de lutte contre le VIH/sida de la province de Hung Yên (Nord).
Photo : Duong Ngoc/VNA/CVN

Les soins et le traitement des porteurs du VIH au Vietnam sont parvenus à de grandes avancées, le nombre de bénéficiaires et la qualité des traitements ayant grandement augmenté, grâce notamment aux médicaments antirétroviraux (ARV). Des progrès rendus possibles grâce aux aides internationales, notamment d’organisations onusiennes comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA).

Rôle des traitements par les ARV

Les traitements par les ARV permettent d’améliorer la qualité de vie des séropositifs et de réduire considérablement le risque de transmission du VIH car les ARV limitent la multiplication du VIH en bloquant une étape de son cycle de réplication : soit son entrée dans la cellule, soit l’action d’enzymes. En 2004, les aides internationales ont permis d’appliquer un programme de traitement expérimental par les ARV suivi par 500 porteurs du virus. Aujourd’hui, 100.000 séropositifs en bénéficient.

Le chef du Département de prévention et de lutte contre le VIH/sida (ministère de la Santé), Nguyên Hoàng Long, fait savoir que le Vietnam a été l’un des premiers pays au monde à expérimenter avec succès l’initiative Traitement 2.0 de l’OMS et de l’ONUSIDA. Initiative qui a pour objectif d’élargir l’accès précoce au traitement antirétroviral, au dépistage et à la prise en charge psychologique tout en intégrant les services connexes au système municipal de soins de santé primaires. Actuellement, la moitié des districts disposent d’un établissement de santé traitant le VIH et plus de 560 dispensaires fournissent des ARV aux porteurs.

Renforcer les investissements ciblés

En outre, afin d’étendre les traitements antirétroviraux, le Vietnam a suivi les recommandations de l’OMS selon lesquelles le traitement antirétroviral doit être débuté avant que la numération des CD4 (cluster de différenciation 4) devienne chez les séropositifs inférieure à 500 cellules/m3. Selon Nguyên Hoàng Long, ces dernières années, 70% des crédits réservés aux activités de prévention et de lutte contre cette maladie mortelle et 95% du volume des ARV ont été financés par les organisations internationales. Cependant, les risques de voir une explosion de l’épidémie sont réels en raison des ruptures d’approvisionnement de médicaments ARV par les organisations internationales en 2017. En effet, si la mise sous traitement de nouveaux patients doit être suspendue ou retardée, la vie de nombreuses personnes ayant besoin de médicaments vitaux est en danger. Pour les 100.000 patients déjà sous traitement, les interruptions ou la prise de moindres doses conduiront à un échec du traitement et à un risque plus élevé de développement de résistances.

Aujourd'hui, environ 100.000 séropositifs bénéficient des ARV.
Photo : Phuong Vy/VNA/CVN

Face à ce constat, cet expert préconise au gouvernement de prélever des fonds sur le budget de l’État et l’Assurance santé pour combler le déficit lié à la suspension de la majeure partie des financements internationaux. Parallèlement à cela, le secteur de la santé envisage de consolider, perfectionner le réseau de prévention et de lutte contre ce fléau, d’élargir les activités préventives comme l’octroi gratuit de seringues jetables et de préservatifs aux groupes de personnes à haut risque. Il faut renforcer les investissements ciblés dans les régions les plus touchées. Il apparaît également primordial de mobiliser les organisations, individus, entreprises dans et hors du pays, dans cette guerre sournoise. Les localités doivent élaborer aussi leur plan financier.

Plus de 227.000 porteurs rencensés

Depuis la découverte du premier cas à Hô Chi Minh-Ville en 1990, le Vietnam recensait en juin dernier 227.144 porteurs du VIH dont 71.115 sidéens. En outre, 74.442 sont décédés des suites de ce virus. Actuellement, l’épidémie touche toutes les villes et provinces, 99% des arrondissements et districts, 80% des communes, quartiers et bourgs.

Selon le Département de prévention et de lutte contre le VIH/sida, 62 villes et provinces ont créé leur Centre de prévention et de lutte contre le VIH/sida, lequel dépend de leur Service de la santé. Les activités de communication sont régulièrement révisées, sur le fond comme sur la forme. Les conseils et le dépistage sont réalisés sous diverses formes dans les établissements de santé ou sur place dans la communauté. Actuellement, le pays compte 1.300 centres de dépistage permettant de tester des millions d’échantillons par an, soit deux fois plus qu’il y a cinq ans.

Ces dix dernières années, le personnel de santé et les volontaires sont allés à la rencontre des personnes à risque comme toxicomanes, prostituées, pour leur distribuer des seringues jetables et préservatifs, ou leur conseiller de faire des tests de dépistage. Notamment, après avoir expérimenté en 2009, dans la ville de Hai Phong (Nord) et à Hô Chi Minh-Ville, le traitement par méthadone, cette méthode de désintoxication a été largement étendue. En effet, 47 localités ont aujourd’hui adopté ce modèle, au profit de 33.000 toxicomanes séropositifs.

Huong Linh/CVN

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