>>Sans les aides, le combat contre le VIH devra continuer
>>Modèle de prévention, de soin et de traitement du VIH/sida lancé à Hanoi
Dans un centre de dépistage du VIH/sida dans la ville de Hai Phong (Nord). |
Photo : Duong Ngoc/VNA/CVN |
La fin des aides internationales en faveur du Vietnam pour combattre le virus du sida interviendra en 2017. En 2013 déjà, prenant conscience de l’importance de l’assurance santé dans la prévention et la lutte contre cette maladie, le Service de la santé de Hô Chi Minh-Ville a approuvé le «Programme expérimental d’extension du bénéfice de l’assurance santé aux personnes contaminées par le VIH/sida», déployé au Centre de santé préventive du 8e arrondissement et celui de Thu Duc. Une manière aussi de se préparer à la diminution progressive des aides onusiennes et d’assurer la «transition».
Placé sous l’égide de l’Organisation internationale de la santé familiale, ce programme permet aux séropositifs de bénéficier de consultations et de traitements dans les dispensaires de quartier et au Bureau de consultations médicales de l’arrondissement, avec la prise en charge, par les assurances, de l’ensemble ou d’une partie des frais.
Diminution des coûts de traitement
Un an après expérimentation, environ 700 patients séropositifs de ces deux arrondissements sont titulaires d’une carte d’assurance santé et n’ont pas à débourser un dông pour leur traitement antirétroviral. Le médecin Nguyên Ngoc Vinh Phuc, chef du dispensaire du quartier de Binh Chiêu, fait savoir que son établissement prend en charge actuellement 13 patients séropositifs dont 11 titulaires d’une carte d’assurance santé.
Les frais de traitement moyens d’un séropositif oscillent entre 500.000 et 700.000 dôngs par mois. Une somme importante pour les malades qui, le plus souvent, n’ont pas de revenu stable. Les remboursements opérés dans le cadre de l’assurance santé sont donc une vraie chance pour les séropositifs et sidéens car elle leur permet d’accéder à des soins complets à moindre coût. «Aujourd’hui, le traitement du VIH est financé. Pourtant, ce financement va diminuer de plus en plus alors que les frais de traitement du VIH et des infections opportunistes, eux, resteront les mêmes. J’ai donc souscrit une assurance santé et, grâce à ma carte, une partie des mes frais est couverte», partage Ng.T.H, une malade.
Trop peu de cartes d’assurance
Selon le Dr. Duong Minh Hai, du cabinet de soins et de traitement du Comité de prévention et de lutte contre le VIH/sida de Hô Chi Minh-Ville : «Les séropositifs titulaires d’une carte seront remboursés par l’Assurance santé. Ces remboursements concernent les consultations médicales, les examens, les médicaments antirétroviraux et ceux contre les infections opportunistes. Il faut bien comprendre que les ARV sont à prendre à vie. C’est pourquoi l’assurance santé intervient». L’intérêt de l’Assurance santé dans le traitement des séropositifs est réel. Cependant, peu de porteurs du VIH sont titulaires d’une carte.
Les activités de communication sur la nécessité de l’assurance santé dans le traitement du VIH/sida sont importantes. |
Le Dr. Nguyên Manh Dung, chef du dispensaire du 16e quartier, 8e arrondissement, informe que son établissement prend en charge 16 séropositifs depuis 2012. Il accepte aussi, depuis 2013, les titulaires de la fameuse carte. Cependant, seuls deux de ces 16 patients l’utilisent. Idem pour les 11 dispensaires de l’arrondissement de Thu Duc. «Plusieurs raisons à cela, explique le Dr. Phuc, chef du dispensaire du quartier de Binh Chiêu. Premièrement, les séropositifs n’ont pas d’informations suffisantes sur la nécessité de posséder la carte d’assurance santé. Deuxièmement, ils refusent d’être traités ici, voulant rester loin des regards. Enfin, plusieurs cabinets de consultation des quartiers et des communes restent dans l’incapacité de répondre aux attentes médicales des porteurs».
Dans ce contexte, comment les convaincre à prendre une carte d’assurance santé ? Les experts préconisent au gouvernement de perfectionner les politiques de remboursement des patients par le biais de l’Assurance santé. Ensuite, il faut consolider les services de traitement du VIH/sida en créant par exemple des établissements de traitement par les ARV dans les hôpitaux, ce afin de mieux gérer les malades. De plus, le rajustement raisonnable du montant de la cotisation encouragera les séropositifs à utiliser la carte d’assurance santé. Sans oublier de sensibiliser ceux-ci sur l’importance d’être assurés.
Le chef du Département de prévention et de lutte contre le VIH/sida, Nguyên Hoàng Long, affirme que certaines localités aident les séropositifs en situation difficile à disposer de ce sésame. Mieux, le ministère de la Santé prévoit de mettre en place un système de couverture par l’Assurance santé du traitement par les ARV. Ce projet permettra l’octroi gratuit des ARV aux malades en ayant besoin jusqu’au mois de juin 2016 et, à partir de juillet, l’Assurance santé remboursera des frais de traitement pour les titulaires d’une carte. Coût de l’opération : 40 milliards de dôngs en 2016 et 90 milliards de dôngs en 2017, date à laquelle les aides internationales seront stoppées. Un mal nécessaire dans cette «guerre» encore loin d’être terminée.