Le Chili aux urnes, Michelle Bachelet promise à un nouveau mandat

Le Chili vote le 17 novembre lors d'élections générales qui devraient ramener au pouvoir l'ex-présidente socialiste Michelle Bachelet, portée par une popularité immense et l'espoir de changement de millions de Chiliens qui pourraient lui assurer la victoire dès le premier tour.

Affiche électorale de Michelle Bachelet le 15 novembre 2013 à Santiafo.

À quelques heures du scrutin, le président Sebastian Piñera (centre-droit) a appelé les quelque 13 millions d'électeurs chiliens à voter, la participation restant la grande inconnue du scrutin après la récente modification de la loi électorale abolissant le vote obligatoire. Les bureaux de vote ouvrent de 08h00 locales (11h00 GMT) à 18h00 (21h00 GMT).

"Je vous demande à tous d'aller voter, de motiver vos familles, vos collègues de travail et vos voisins pour qu'ils fassent de même", a exhorté M. Piñera, qui quittera officiellement la présidence le 11 mars 2014, la constitution l'empêchant de briguer deux mandats consécutifs. La socialiste Michelle Bachelet, 62 ans, médecin de formation et première femme élue à la tête d'un pays sud-américain en 2006, est créditée en moyenne de 47% des intentions de vote. Ces sondages laissent entrevoir pour Mme Bachelet la possibilité d'éviter un deuxième tour en dépassant la barre des 50% de suffrages nécessaires, ce qui ne s'est pas produit au Chili depuis 1993.

Loin derrière, huit autres candidats, un nombre inédit au Chili, sont en lice dont la principale rivale de l'ex-présidente, Evelyn Matthei, première femme candidate conservatrice à une présidentielle chilienne, qui n'a obtenu que 14 % d'intentions de vote en moyenne.

Investie après plusieurs retraits de barons de la droite chilienne, l'ex-ministre du Travail de Sebastian Piñera n'est pas parvenue à convaincre avec son programme libéral visant la continuité. "Je vais vous faire un résumé. Notre projet évoque l'Allemagne de (la Chancelière Angela) Merkel. Leur projet (de la coalition de gauche de Bachelet) rappelle l'Allemagne du mur de Berlin", a-t-elle asséné lors de la campagne.

Mme Matthei n'a pas non plus suscité un fort engouement parmi les soutiens traditionnels d'une droite affaiblie par les divisions internes et les défections.

La "Nouvelle majorité"

Par contraste, Michelle Bachelet baigne dans un climat de ferveur, particulièrement palpable lors de son dernier meeting de campagne le 14 novembre, qui a réuni dans un parc de Santiago les dirigeants historiques de la gauche chilienne comme l'ex-président Ricardo Lagos ou le secrétaire général du parti communiste Guillermo Teillier, mais aussi une foule d'inconditionnels de tous horizons, en particulier venant des secteurs les plus défavorisés de la population.

Appuyée par une large coalition, la "Nouvelle majorité", regroupant communistes, démocrates-chrétiens et divers courants socialistes, Michelle Bachelet est consciente des expectatives d'un pays, différent de celui qu'elle a quitté à la fin de son premier mandat en 2010 pour exercer les fonctions de directrice exécutive de l'ONU Femmes. Mme Bachelet, appelant à voter "massivement" pour s'assurer la victoire au premier tour, a promis de mettre en marche dans les 100 jours après son élection les réformes qu'elle n'avait pas lancées lors de son premier mandat.

Ce programme ambitieux est basé notamment sur une révision de la Constitution héritée de la dictature, une réforme fiscale envisageant une augmentation de l'impôt des sociétés de l'ordre de quelque 8 milliards de dollars (3% du PIB) destinés entre autres à une refondation du système éducatif pour instaurer une éducation publique de qualité, l'amélioration du réseau de la santé et des services publics. Mais la capacité de manoeuvre du nouveau gouvernement et l'ampleur des réformes promises, dont une réforme de la loi sur l'avortement, interdit sous toutes ses formes dans ce pays aux mœurs très conservateurs, dépendront du résultat des élections législatives et sénatoriales qui renouvellent dimanche la totalité de la Chambre des députés - 120 sièges - et 20 des 38 sénateurs.

AFP/VNA/CVN

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