Galabiya immaculée, keffieh posé sur une calotte pour tomber sur son cou, Ziad Abou Faraya est revenu dans son village dévasté trois fois depuis le début de l'opération militaire israélienne dans la bande de Gaza.
Chaque fois pour prendre la température, regarder l'état des destructions entre les salves des chars israéliens postés à moins d'un kilomètre du poste-frontière d'Erez, porte d'entrée vers Israël.
Une famille palestinienne rentre chez elle à Al-Atatra, à la fr |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À Umm el-Nasr, le spectacle est saisissant. À l'horizon vers l'ouest, la centrale électrique israélienne d'Ashkalon crache doucement une épaisse fumée. Vers le centre, trône le poste-frontière et légèrement à l'est, des immeubles éventrés attendent le retour des maçons côté palestinien.
"Les gens ont peur de rentrer au village, ils ont peur des bombardements, surtout la nuit. Et puis nos maisons sont détruites", souffle l'élégant bédouin. "Et nos récoltes sont mortes. Cela fait plus de deux semaines que nous n'avons pas arrosé nos champs."
Père de huit enfants, Emad revient lui aussi revoir le village en attendant de pouvoir s'y rétablir pour de bon. Des obus ont détruit la majorité des maisons de béton coulé et ont creusé le tapis de sable du village, qui porte les traces des chenilles des chars.
Le bruit du canon
"Ma maison a été détruite. Il ne le reste plus rien. Je suis extrêmement triste. Je suis seulement venu voir l'ampleur de la destruction", explique-t-il. Son murmure entrecoupé du son lourd d'une frappe de l'armée israélienne dans un secteur avoisinant.
Plus téméraire, Bassam, a décidé de rentrer chez lui, dans sa maison en partie détruite. "Les Israéliens ont dit que c'était "ok" de rentrer chez nous. Mais tout est détruit et nos chèvres sont parties. Et en plus, les gens n'ont plus d'endroit pour s'établir."
L'armée israélienne a envoyé des messages samedi aux Palestiniens, leur indiquant que les civils pouvaient "rentrer en toute sécurité à Beit Lahiya et Al-Atatra", tout en les exhortant à "faire attention aux engins explosifs que le Hamas a disséminés dans la zone dans l'étroite bande le long de la frontière".
Ces deux villes, pilonnées au cours des dernières semaines, sont coincées entre le village de bédouins d'Umm el-Nasr et le centre de Gaza, mais restaient en grande partie désertes samedi 2 août en fin de journée.
"Les gens ont peur de rentrer chez nous, à Beit Lahiya. Nous avons peur de rentrer et d'être la cible de tirs des Israéliens. Nous n'avons pas confiance", tranche Nadal Salman, 20 ans, réfugié dans une école près de la ville de Gaza.
Une colonne de fumée noire s'échappe d'Al-Atatra, vestige d'un bombardement. Bahjat, 25 ans, chandail sans manche laissant voir une partie de son torse, y traîne avec une poignée d'hommes et d'enfants mais sait très bien qu'il faudra encore du temps avant que ses voisins et amis rentrent chez eux.
AFP/VNA/CVN