La fuite des habitants de l'Est de l'Ukraine, ravagé par les combats

Le convoi de Lada s'approche prudemment du check-point, des feuilles de papier scotchées au pare-brise prévenant : "ENFANTS". Comme la plupart des véhicules qui s'aventurent sur cette route déserte de l'Est de l'Ukraine, ses passagers fuient les combats entre armée et séparatistes.

Les hommes armés en tenue de camouflage qui tiennent le barrage leur font un signe : ils ont le droit de passer et de s'éloigner de la zone ravagée par les affrontements, alors que les forces ukrainiennes se rapprochent de Donetsk, plus grande ville de la région et bastion rebelle.

"Ils emmènent leurs familles, leurs voitures sont pleines d'enfants. Ils fuient la guerre", explique un combattant séparatiste, Maxime.

Une voiture fuyant la ville de Debaltsevo, dans la région de Donetsk, toujours en proie à de violents affrontements entre l'armée ukrainienne et les séparatistes, le 2
Une voiture fuyant la ville de Debaltsevo, dans la région de Donetsk, toujours en proie à de violents affrontements entre l'armée ukrainienne et les séparatistes, le 2 août.

Bronzé par le soleil de plomb, en t-shirt de camouflage, cet ancien étudiant en ingénierie de 21 ans raconte que ceux qui fuient actuellement viennent des villes de l'Est de l'Ukraine gagnées par les bombardements et victimes de pénuries à mesure de l'avancée des forces loyalistes.

"Hier, un bus qui venait de Chakhtarsk est passé. Il ne lui restait aucune vitre intacte", intervient le compagnon d'armes de Maxime, deux kalachnikov sur le bras.

Nombre de ceux qui fuient le conflit, qui a fait selon l'ONU plus de 1.100 morts en trois mois, se dirigent vers le Sud et la côte de la mer d'Azov, sous contrôle des autorités ukrainiennes.

"C'est là que se trouve la Garde nationale" du ministère ukrainien de l'Intérieur, composée de volontaires qui forment les unités les plus redoutées, s'étonne Maxime. "Je ne sais pas pourquoi ils n'ont pas peur".

Lourdement chargée de sacs, une moto dépasse le convoi de voitures au check-point. Un couple d'une trentaine d'années pose le pied à terre après le barrage pour faire une pause.

"Ils ont commencé à tirer sur notre maison. Il est devenu impossible de vivre ici", lâche l'homme, qui refuse de donner son nom et dit vivre près de Chakhtarsk, ville à l'est de Donetsk et proche du site du crash du Boeing malaisien agitée par des combats meurtriers ces derniers jours.

"Fuir notre terre"

Non loin de là, à Orlovo-Ivanivka, village à une dizaine de kilomètres des débris de l'avion de ligne qui s'est écrasé le 17 juillet, un groupe de femmes discute devant une épicerie. Les larmes leur montent aux yeux quand elles parlent de leurs enfants.

"Nos enfants sont partis en Russie, nous restons jusqu'au bout", assure Lioubov Karpova, qui tient la boutique. "Les gens sont partis sans rien, ils n'ont pris que quelques affaires. C'est impensable : nous devons fuir notre propre terre", poursuit-elle en fondant en larmes.

Dans la ville minière voisine, Svitlana sirote un verre de kvass, boisson traditionnelle à base de pain que les Ukrainiens aiment boire très fraîche en été. Elle a décidé de rester travailler pour la mine locale, mais reconnaît que peu ont fait ce choix.

"Certains sont partis chez des membres de leur famille. Ils cherchent à partir le plus loin possible. Ils partent surtout vers la Russie", raconte-t-elle.

Selon elle, les combats sont permanents autour de la ville. "Le plus souvent, c'est pendant la nuit et au petit matin. Il y a plus de combats ces derniers jours. Hier, toute la ville était enfumée", poursuit-elle. "Les tirs se font de plus en plus intenses et puissants".

À Kirovské, une équipe de l'AFP a vu une colonne de fumée s'élever au-dessus de Chakhtarsk, pourtant à 25 km plus au Sud.

AFP/VNA/CVN

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