Pas moins de 215 "terroristes" ont été arrêtés à la suite de ces heurts ayant eu lieu juste avant la fin du ramadan, a par ailleurs précisé l'agence officielle Chine nouvelle, faisant également part de 13 civils blessés.
Des forces de sécurité chinoises à Hetian, dans la région musulmane du Xinjiang, dans le Nord-Ouest de la Chine, le 6 juin 2014. |
Des forces de sécurité chinoises à Hetian, dans la région musulmane du Xinjiang, dans le Nord-Ouest de la Chine, le 6 juin 2014. Photo : AFP/VNA/CVN |
Des assaillants "armés de couteaux" ont attaqué le 28 juillet un poste de police et d'autres bâtiments officiels dans le district de Shache - ou Yarkand dans la langue des Ouïghours, la principale ethnie de la région -, poussant les forces de l'ordre à répliquer, avaient annoncé en milieu de semaine des médias officiels.
Selon Chine nouvelle, 35 des civils tués étaient des Han (Chinoise de souche) et deux étaient des Ouïghours.
Ce bilan officiel en fait l'incident le plus meurtrier survenu au Xinjiang depuis des affrontements interethniques qui avaient fait environ 200 morts à Urumqi, la capitale régionale.
Le Xinjiang compte quelque dix millions de Ouïghours, des musulmans turcophones en partie hostiles à la tutelle de Pékin, et dont une frange radicalisée est, selon les autorités, à l'origine de sanglants attentats commis ces derniers mois dans la région et en dehors.
À Yarkand le 28 juillet, "le gang" muni d'armes blanches "arrêtait les véhicules qui passaient avant de frapper leurs occupants de façon indiscriminée et obligeant des civils à participer à leur action terroriste", a également relaté Chine nouvelle.
Le média d’État évoque "une attaque organisée et préméditée par des terroristes à la fois en Chine et à l'étranger", et fomentée par un homme "ayant des connexions étroites" avec le Mouvement islamique du Turkestan oriental (Etim), un groupuscule radical et séparatiste.
De son côté, le Congrès mondial ouïghour, une organisation de défense des Ouïghours basée en Allemagne, avait fait état d'"une centaine de morts et de blessés" à Yarkand, citant des sources locales.
Pointant "le décalage" des chiffres officiels avec ses propres renseignements, Dilxat Raxit, porte-parole l'organisation, a réclamé le 3 août "une enquête indépendante".
"Selon des sources locales, les forces de l'ordre ont fait usage de mitraillettes et de fusils de snipers, d'où un bilan extrêmement lourd", a-t-il ajouté, dans un email transmis à l'AFP. "Si le gouvernement chinois ne modifie pas ses politiques répressives extrêmes, cela pourrait conduire à de nouveaux affrontements à l'avenir", a également averti M. Raxit.
Le 30 juillet à Kachgar, ville située dans la même région que Yarkand, l'imam à la tête de la plus grande mosquée de Chine, Jume Tahir, a été tué, et deux de ses assassins présumés abattus par la police.
L'imam Tahir était un détracteur des thèses séparatistes, connu pour son opposition farouche aux violences commises par des Ouïghours au Xinjiang.
Deux jours plus tard, la police a par ailleurs tué neuf personnes soupçonnées de terrorisme dans la préfecture de Hotan, également au Xinjiang, a rapporté Chine nouvelle.
Ces récentes violences font suite à un attentat suicide commis en mai sur un marché d'Urumqi, qui avait fait 43 morts, dont les quatre agresseurs, et une centaine de blessés.
Lui-même succédait à une tuerie en mars à la gare de Kunming, dans la province du Yunnan (Sud de la Chine), où 29 personnes avaient été tuées à l'arme blanche et quelque 140 blessées, première attaque de cette ampleur hors du Xinjiang.
En réaction, le gouvernement a annoncé une vaste campagne de lutte antiterroriste, qui s'est traduite par des centaines d'interpellations et des condamnations en masse au terme de procès expéditifs.
Des groupes de défense des droits de l'homme estiment que la politique répressive suivie par Pékin à l'encontre de la culture et de la religion des Ouïghours alimente les tensions et les violences au Xinjiang.
De nombreux Ouïghours se disent par ailleurs victimes de discriminations et exclus des bénéfices des investissements chinois dans la région.
AFP/VNA/CVN