Le patron du Fonds monétaire international (FMI) a répété le 8 juin ses prévisions au cours d'une conférence à Montréal, déclarant que "le scénario le plus crédible était que la reprise allait intervenir au premier trimestre 2010".
Il a estimé que le tournant se situerait cet automne, "en septembre ou octobre, avec un début de croissance à la fin de cette année et un premier trimestre vraiment positif au premier ou au second trimestre 2010".
Mais M. Strauss-Kahn a souligné, dans une allocution, que sa prévision de reprise dépendait de la capacité des différents pays à mettre en oeuvre "les bonnes politiques".
"Le processus (d'assainissement du système financier) est beaucoup trop lent", a-t-il notamment souligné en jugeant que "c'est probablement le risque le plus important pesant sur (une reprise)". Il n'a pas cité de pays, mais a reproché aux dirigeants présents au sommet du G-20 de Londres d'avoir acquiescé mais de n'avoir pas fait grand-chose ensuite.
"L'expérience que le FMI a des crises bancaires, c'est que tant que ces crises ne sont pas résolues, la croissance ne revient pas", a-t-il déclaré à la presse après son discours.
Pour M. Strauss-Kahn, le marché du crédit "n'a pas retrouvé son fonctionnement normal" en raison du manque de confiance quant à l'ampleur des pertes des institutions financières.
Et "pour restaurer la confiance, il faut que toutes les pertes possibles soient rendues publiques, pas seulement celles liées à la crise des 'subprimes', mais aussi celles provenant du ralentissement économique qui a rendu un certain nombre d'actifs de mauvaise qualité", a dit M. Strauss-Kahn.
Le directeur du FMI a aussi évoqué la situation des pays les plus pauvres, où les conséquences de la crise pourraient entraîner des troubles et même des conflits. M. Strauss-Kahn a indiqué que le FMI allait débloquer "probablement" un peu plus de 6 milliards de dollars de crédits en direction de ces pays pauvres. Le patron du FMI a aussi jugé que "le monde qui sortira de la crise sera différent de ce qu'il était avant". Il y aura un "nouvel équilibre des pouvoirs entre les nations" qu'il est encore difficile d'imaginer, a-t-il dit.
Le président de la Banque mondiale (BM), Robert Zoellick, qui participe à la même conférence, a pour sa part lancé un appel à la vigilance face à la "fièvre" du protectionnisme qui pourrait compromettre les signes de reprise économique dans le monde.
Le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria, a pour sa part estimé que la récession actuelle allait laisser des cicatrices durables. "Il se peut qu'à l'avenir, le chômage demeure à un niveau beaucoup plus élevé qu'avant la récession", a-t-il estimé.
AFP/VNA/CVN
(10/06/2009)