L'épilogue était attendu, au terme d'une tentative désespérée de GM pour redresser ses finances. Le groupe s'était vu donner, fin mars, 2 mois pour prouver qu'il était viable, mais la crise a tellement aggravé ses difficultés que le redressement judiciaire s'est imposé comme la seule issue possible.
"Aujourd'hui restera un jour historique pour l'entreprise : la fin de l'ancien General Motors et le début d'un nouveau", a indiqué l'administration du président Barack Obama dans un communiqué.
Le gouvernement s'est fixé pour objectif de faire sortir le "nouveau GM" du redressement judiciaire dans un délai de 60 à 90 jours, soit le double ou le triple de ce qu'il aura fallu au "petit" concurrent Chrysler, qui pourrait en ressortir dès hier après avoir déposé son bilan le 30 avril.
La feuille de route du nouveau GM avait été rendue publique par petites touches ces derniers jours et le plan présenté par l'administration Obama lors d'une conférence téléphonique ne comporte aucune surprise.
Une nouvelle société sera créée pour reprendre les actifs les plus rentables du groupe. L'État fédéral américain lui apportera 30,1 milliards de dollars et contrôlera 60% de son capital. L'État canadien et la province d'Ontario, où GM possède de nombreuses usines, verseront 9,5 milliards de dollars et obtiendront 12% du capital. Le fonds à gestion syndicale chargé de financer la couverture médicale des retraités en recevra 17,5%. Enfin, 10% reviendront aux détenteurs d'obligations. Ces derniers ont accepté samedi l'offre gouvernementale.
Les actionnaires actuels perdront leur mise. GM a confirmé qu'il allait fermer 11 sites et en mettre 3 au chômage technique. Le groupe veut passer de 62.000 ouvriers syndiqués en 2008 aux États-Unis à 38.000 en 2011. "Nous espérons voir un GM avec un bilan où l'endettement pèsera beaucoup moins lourd, et capable d'être compétitif", a déclaré un haut responsable gouvernemental, qui a refusé d'être nommé.
L'objectif est d'abaisser le point mort du groupe pour qu'il puisse être rentable avec un marché américain de 10 millions de voitures par an, alors qu'il perdait encore de l'argent avec un marché de 16 millions d'unités avant le début de sa restructuration.
GM a vendu 2,98 millions de véhicules aux États-Unis en 2008, avec une part de marché de 22%. Si GM se retrouve nationalisé, Washington ne veut toutefois pas s'immiscer dans la conduite de ses affaires. "Le contrôle par l'État n'était pas ce que nous recherchions ni ne souhaitions. C'est une issue obligée au processus de restructuration", a expliqué le haut responsable.
Ce dernier a ajouté qu'il était "trop tôt" pour déterminer si l'État allait récupérer tout ou partie des 20,6 milliards versés entre décembre et avril pour maintenir le groupe en vie.
Le président Obama devait s'exprimer hier à 11h55 (15h55 GMT) sur la restructuration de l'industrie automobile, alors qu'est attendue le même jour la décision du tribunal des faillites de New York sur l'issue du redressement judiciaire de Chrysler.
Le directeur général de General Motors, Fritz Henderson, devait donner une conférence de presse hier à 12h15 (16h15 GMT), à New York, où se trouve le tribunal qui devrait être chargé du redressement judiciaire.
AFP/VNA/CVN