L'A350, nouvelle arme d'Airbus face à Boeing, livré à Qatar Airways

Après de rocambolesques rebondissements, la livraison du premier Airbus A350-900 de l'histoire de l'aviation commerciale à Qatar Airways doit être finalement livré aujourd'hui, à moins d'un nouveau coup d'éclat de la compagnie du Golfe.

 
Un Airbus A350 de Qatar Airways, le 11 décembre, au salon aéronautique de Farnborough, en Angleterre. Photo : AFP/VNA/CVN

Annoncée pour samedi 20 décembre, la réception du biréacteur long-courrier de dernière génération avait été suspendue sine die mercredi pour une raison obscure par la compagnie de Doha.

Airbus a finalement transmis vendredi soir une invitation pour une livraison à Toulouse le 22 décembre, en présence du directeur général de Qatar, Akbar al Baker, du Pdg d'Airbus, Fabrice Brégier, et du patron de Rolls-Royce, John Rishton, le motoriste de l'appareil.

Akbar al Baker, réputé pour son exigence et ses coups d'éclat, avait annoncé l'imminence de la livraison et le maintien du premier vol commercial entre Doha et Francfort le 15 janvier. Il avait souligné qu'il fallait 30 jours pour peaufiner la formation des équipages, laissant ainsi entendre que la livraison interviendrait au plus tard dans quelques jours et à l'approche de la fête de l'indépendance du Qatar (le 18 décembre). La question de la date du premier vol commercial de l'A350 reste donc en suspens.

L'enjeu est majeur pour Airbus pour conforter sa présence sur le marché lucratif des long-courriers. Les B777 et 787 Dreamliner de son rival américain Boeing y sont jusqu'alors majoritaires face à l'A330, biréacteur entré en service il y a vingt ans.

Le programme A350 XWB (extra wide body) avait été lancé en 2007 après une première version retoquée en 2005 par les compagnies qui n'y voyaient qu'une pâle amélioration de l'A330.

Airbus avait promis à Qatar Airways de livrer le premier exemplaire "avant la fin de l'année", avec environ une année de retard sur le calendrier initial.

"Cette livraison est importante car elle valide un calendrier extrêmement ambitieux et témoigne du sérieux de l'avionneur dans ses capacités à honorer ses engagements", commente Stéphane Albernhe, expert aéronautique au cabinet de conseil Archery strategy consulting.

Le premier vol d'essai de l'A350-900 a eu lieu le 14 juin 2013. L'appareil a reçu sa certification par les autorités européennes de sécurité aérienne le 30 septembre, avant le feu vert de leurs homologues américaines le 12 novembre.

Matériaux composites

"C'est aussi une stratégie habile d'Airbus qui démontre qu'il n'a pas confondu vitesse et précipitation contrairement à Boeing avec son Dreamliner", qui avait accumulé plus de trois ans de retard et rencontré de multiples dysfonctionnements après sa mise en service fin 2011.

Airbus fait surtout oublier l'annulation spectaculaire de la commande d'Émirates de 70 A350, dévoilée en juin.

L'avionneur a investi 10 à 12 milliards d'euros dans ce programme stratégique. Equipé des moteurs Trent XWB de Rolls-Royce et capable de transporter en moyenne 315 passagers sur une distance de 14.500 km, l'A350-900 est le premier appareil mis en service par Airbus depuis le super Jumbo A380 en octobre 2007.

L'avion de Qatar transportera, lui, 283 passagers (36 en classe affaires, 247 en classe économique).

L'A350-900 sera un concurrent direct du 787-10 (323 sièges). La version allongée A350-1000 (369 sièges) prévue pour mi-2017, rivalisera avec le 777-8X (350 sièges).

Fabriqué en majorité de matériaux composites, l'A350 promet des économies de carburant de 25% par rapport au 777 et de 6% par rapport au 787, un élément crucial pour des compagnies en quête de réduction de coûts.

Avec 778 commandes à fin novembre, le programme est déjà un succès commercial. Selon le Pdg d'Airbus, Fabrice Brégier, le potentiel de vente est de 2.500 avions.

Avec 80 exemplaires commandés, Qatar est le principal client et illustre l'appétit insatiable des compagnies du Golfe pour les nouveaux avions. Boeing a, lui, déjà accumulé 1.055 commandes pour son Dreamliner.

Les spécialistes aéronautiques estiment unanimement que l'A350 est "une réussite technico-industrielle".

"Le programme apparaît comme un des plus aboutis à ce stade. Il a réellement capitalisé sur les erreurs de l'A380", souligne Christophe Ménard, analyste chez Kepler Cheuvreux.

Pour autant, le directeur du programme A350, Didier Evrard, pointait l'énorme défi de la montée en cadence de production.

"L'ensemble de la filière aéronautique mondiale est déjà sous forte tension. Boeing comme Airbus sont dans une logique de montée en cadence, sur les B737, B787, A320. Passer d'une production de deux à 10 avions par mois en quatre ans va augmenter encore la pression sur les fournisseurs", détaille M. Albernhe.

L'A350 devrait être le dernier long-courrier avant longtemps, Airbus et Boeing n'ayant pas de projet de nouvel avion. À moins que le Chinois Comac, qui développe le moyen-courrier C919, ne vienne bousculer la donne.

AFP/VNA/CVN

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