L'entrée des studios de Sony Pictures à Culver City, en Californie, le 16 décembre 2014. Photo: AFP/VNA/CVN |
"Nous avons discuté de cette possibilité avec les Chinois pour échanger des informations, nous avons exprimé notre inquiétude à la suite de cette attaque et leur avons demandé leur coopération", a déclaré un haut responsable de l'administration américaine à l'AFP.
Mercredi 17 décembre, Sony Pictures a annulé à la suite de menaces de pirates informatiques la sortie prévue pour Noël de "L'interview qui tue!", comédie parodique sur un complot fictif de la CIA pour tuer le leader nord-coréen Kim Jong-un.
Washington a désigné comme l'auteur de ce piratage massif Pyongyang qui continue de nier en être le commanditaire.
"Comme le FBI (police fédérale) l'a précisé, nous somme certains que le gouvernement nord-coréen est responsable de cette attaque. Nous maintenons cette conclusion", indique un communiqué samedi 20 décembre de Mark Roh, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
La Corée du Nord a répliqué. "Puisque les États-Unis répandent des allégations sans fondement et nous diffament, nous leur proposons une enquête conjointe", a indiqué le ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
"Sans aller jusqu'à recourir à la torture comme l'a fait la CIA américaine, nous avons les moyens de prouver que nous n'avons rien à voir avec cet incident", a ajouté le ministère, cité par l'agence de presse officielle KCNA.
"Au cas où nous aurions à exercer des représailles, nous ne mènerions pas d'attentats terroristes contre des spectateurs innocents dans des cinémas mais des attaques frontales contre ceux qui se livrent à des activités hostiles" contre la Corée du Nord, poursuit le ministère nord-coréen.
Les États-Unis s'exposent à "de graves conséquences s'ils refusent notre proposition (d'enquête conjointe) et continuent de se répandre sur des supposées représailles contre nous", conclut le ministère.
Sony a finalement renoncé à sortir en salles cette comédie après la cyber-attaque d'envergure revendiquée par le groupe de pirates informatiques GOP ("Guardians of Peace"), au cours de laquelle d'innombrables informations ont été dérobées et certaines mises en ligne.
Sony a aussi reçu des menaces évoquant les attentats du 11-Septembre pour les salles qui diffuseraient la comédie.
Vendredi 19 décembre, le président Barack Obama avait promis que les États-Unis "répondraient" à la Corée du Nord.
Parlant à la presse après que le FBI eut imputé la responsabilité de l'attaque à Pyongyang, M. Obama a affirmé que Washington ne cèderait jamais devant "quel que dictateur que ce soit".
"Nous pouvons confirmer que la Corée du Nord s'est engagée dans cette attaque", a-t-il dit.
"Nous répondrons de manière proportionnée et nous répondrons à un moment, à un endroit et d'une manière que nous choisirons", a prévenu le président américain lors d'une conférence de presse, excluant qu'un autre pays ait agi avec Pyongyang.
La Corée du Sud accuse le Nord
Samedi 20 décembre, la Corée du Sud a accusé son voisin du Nord d'avoir mené les cyber-attaques contre Sony.
Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a en effet relevé "des similitudes entre les attaques contre Sony Pictures et celles menées contre des banques sud-coréennes et d'autres (entités) en mars l'an dernier".
Une enquête officielle avait rendu responsable l'agence nord-coréenne du renseignement de ces attaques qui avaient entraîné la fermeture complète des réseaux des télévisions KBS, MBC et YTN et paralysé les opérations de trois banques sud-coréennes.
Séoul a indiqué être prêt à partager avec les États-Unis les informations "liées à la cyber-attaque contre Sony" et à renforcer la coopération internationale pour faire face à de nouvelles menaces informatiques.
Le Japon a envoyé le même message. Un porte-parole du Premier ministre Shinzo Abe a déclaré à l'AFP que "le gouvernement japonais communique étroitement avec les États-Unis et soutient leur approche sur cette question".
Barack Obama avait estimé vendredi que Sony Pictures Entertainment (SPE) avait commis "une erreur" en annulant la sortie en salles de L'interview qui tue.
"Nous ne pouvons pas avoir une société dans laquelle un dictateur quelque part peut commencer à imposer une censure ici aux États-Unis", avait insisté le président américain.
Le patron de Sony Pictures, Michael Lynton, avait quant à lui vigoureusement défendu son groupe.
"Le président, la presse et l'opinion se trompent sur ce qui s'est réellement passé", a-t-il assuré, affirmant avoir été forcé de renoncer à sortir L'interview qui tue! pour Noël car les chaînes de cinéma avaient "appelé une par une" pour dire qu'elle ne le projetteraient pas, face aux menaces proférées par les pirates informatiques.
Outre le vol de données sensibles concernant SPE et la vie privée de ses employés, le piratage a "détruit" le système informatique du groupe en "rendant inopérables plusieurs milliers d'ordinateurs", a expliqué le FBI vendredi 19 décembre.
Il pourrait en coûter un demi-milliard de dollars au studio, selon des experts.