Le pôle énergie d'Alstom est autorisé à devenir américain

Les actionnaires d'Alstom ont approuvé vendredi 19 décembre à la quasi-unanimité le passage sous pavillon américain du pôle énergie du fleuron industriel français, marquant une étape importante dans la saga de son recentrage sur le transport.

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Au terme d'une assemblée générale extraordinaire ponctuée d'échanges tendus avec le PDG, Patrick Kron, les actionnaires d'Alstom ont entériné à 99,2% des voix la vente pour 12,35 milliards d'euros de 70% des activités d'Alstom au conglomérat General Electric (GE).

L'issue du vote faisait peu de doute, dans la mesure où la transaction était soutenue par le principal actionnaire d'Alstom, le groupe Bouygues, qui détient environ 29% des parts.

Vue d'un site Alstom près de Saint-Nazaire (Ouest de la France), le 2 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

L’État, qui avait fortement pesé sur les négociations au printemps, avait donné début novembre son feu vert formel à l'opération. Elle aboutira à la transformation d'Alstom en une entreprise consacrée aux transports, secteur que le groupe juge plus porteur.

M. Kron a estimé qu'il s'agissait de la meilleure solution pour assurer la pérennité d'Alstom, dépourvu selon lui de la taille critique nécessaire pour affronter les difficultés du secteur de l'énergie, en berne en Europe. "C'est la meilleure solution pour l'avenir d'Alstom", a assuré le dirigeant, à qui des petits actionnaires reprochaient d'avoir élaboré avec GE "une usine à gaz".

Alstom prévoit de réinvestir 2,6 milliards d'euros, issus du produit de la cession, dans trois coentreprises que le groupe va constituer avec GE dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques et les turbines à vapeur, dont certaines équipent les centrales nucléaires. Il en laissera le contrôle opérationnel à son partenaire.

La cession doit encore obtenir l'aval des autorités réglementaires dans une vingtaine de pays avant sa finalisation attendue au deuxième trimestre 2015.

Alstom, qui construit les TGV, a aussi prévu de redistribuer à ses actionnaires de 3,5 à 4 milliards d'euros du produit de la vente par le biais d'un rachat d'actions, mais le super bonus d'environ 4 millions d'euros dont devrait bénéficier M. Kron pour avoir mené l'affaire à bon port a été plutôt mal accueilli. Interrogé par France info Patrick Kron a dit qu'il n'avait pas l'intention de renoncer à ce bonus.

Une activité transport viable à long terme

La CGT-métallurgie a rappelé dans un communiqué son hostilité à la cession, qualifiée de "braderie" et de "dépeçage".

M. Kron a vanté les belles perspectives du marché mondial des transports, même si les syndicats redoutent la suppression de plus de 300 emplois sur les quelque 600 de cette activité à Belfort, faute de commandes alors que l'entreprise construit de plus en plus localement pour ses contrats à l'étranger.

"Il faudra traiter en temps et en heure ce problème de la charge à Belfort, mais cela n'a rien à voir avec la viabilité sur le long terme de cette activité dans le transport", s'est énervé M. Kron, qui prévoit de passer le flambeau au dirigeant d'Alstom Transport, Henri Poupart-Lafarge, à l'issue de la transaction.

Alstom prévoit de racheter à GE son activité de signalisation ferroviaire pour environ 600 millions d'euros. M. Kron s'est également dit intéressé par l'activité de signalisation de Thales, mais celle-ci n'est "pas à vendre". Il a par ailleurs minimisé l'impact de l'amende dont s'acquitterait Alstom pour éviter des poursuites aux États-Unis pour corruption, précisant qu'il espérait aboutir prochainement à un accord avec la justice américaine.

Il n'a pas confirmé le montant record de 700 millions de dollars évoqué par une source proche du dossier à l'AFP, se contentant de dire que la pénalité devrait être entièrement prise en charge par le groupe français.

Au vu toutefois d'améliorations de l'accord négociées avec GE, notamment l'utilisation pendant une plus longue durée de la marque française, "Alstom estime que l'ensemble de ces ajustements, positifs et négatifs, (...) devraient se solder par un impact globalement négatif, mais d'une ampleur non significative", a-t-il dit.

AFP/VNA/CVN

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