La zone euro renvoie les États-Unis à leurs difficultés

Les Européens, qui n'avaient pas apprécié la veille les critiques des États-Unis sur la gestion de la crise de la dette, leur ont répliqué le 17 septembre en affirmant que la situation dans la zone euro était meilleure que celle d'autres grands pays industrialisés.

La défense de l'Union monétaire est venue de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), à l'issue d'une réunion des ministres des Finances européens à Wroclaw, en Pologne.

"Prises dans leur ensemble, l'Union européenne et la zone euro sont dans une situation probablement meilleure que les économies d'autres grands pays développés", a-t-il affirmé à la presse.

Preuve en est : le déficit de la zone euro devrait s'établir aux alentours de 4,5% du PIB cette année, a souligné le patron de l'institut monétaire. Les États-Unis attendent un déficit de 8,8% cette année.

Dans le même temps, M. Trichet a reconnu "des erreurs au niveau de certains pays pris individuellement", qui ont accumulé déficits et dettes publics trop importants.

Ses propos apparaissent comme une réponse aux déclarations la veille du secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, venu en Pologne faire la leçon aux Européens sur la manière de faire face à la crise de la dette qui inquiète désormais le monde entier.

M. Geithner avait exhorté la zone euro à mettre un terme à ses divisions sur les moyens de résoudre cette crise, en particulier entre la BCE et les gouvernements européens, mettant en garde contre les risques "catastrophiques" de la désunion.

M. Geithner avait aussi incité la zone euro à donner davantage de puissance de feu à son Fonds de secours financier (FESF) pour les pays les plus fragiles.

Les ministres européens ont peu apprécié ces recommandations. L'Allemagne a suggéré à l'inverse aux États-Unis de soutenir l'idée d'une taxe sur les transactions financières, qui permettrait de dégager les fonds nécessaires. Ce que le secrétaire américain a catégoriquement refusé, selon des propos rapportés.

Le sujet est source de discorde au sein de l'Europe même, puisque la France et l'Allemagne y sont favorables alors que les Britanniques, inquiets pour l'avenir de la City de Londres, s'y opposent. "Il y a des divisions considérables à ce sujet", a reconnu le ministre polonais des Finances, Jacek Rostowski, expliquant que de nombreux États craignent qu'une taxe sur les transactions financières circonscrite à l'Union européenne "aboutisse purement et simplement à ce que les transactions se déplacent hors de la zone".

Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a défendu cette taxe le 17 septembre. À défaut de pouvoir la mettre en place au niveau mondial, "nous le ferons dans l'Union européenne, et si c'est impossible, dans la zone euro", a-t-il affirmé. "C'est une question techniquement simple, économiquement supportable par le secteur financier, financièrement productive et politiquement juste", a plaidé de son côté le commissaire européen aux Services financiers, Michel Barnier. Une proposition émanant de Bruxelles doit voir le jour "dans quelques semaines", a-t-il précisé.

Peu d'avancées sur la Grèce

La réunion des ministres européens, entamée le 15 septembre, s'est achevée le 17 septembre sur fond de protestation contre l'austérité en Europe, à l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES).

La police polonaise a dénombré 20.000 manifestants. Les organisateurs en attendaient plus de 30.000. "Il y a trop peu d'emplois, les salaires sont trop bas, la protection sociale est réduite. C'est un problème dans toute l'Europe et nos responsables politiques doivent faire quelque chose", a déclaré Sebastian Ostaszewski, du syndicat polonais Solidarité.

Cette manifestation s'est déroulée alors que la situation de la Grèce empire jour après jour et que la réunion de Wroclaw n'a pas permis d'avancer d'un iota sur la concrétisation du second plan d'aide au pays.

Sans ce plan de sauvetage de près de 160 milliards d'euros, le pays est menacé d'un défaut de paiement. M. Reynders a du reste prédit que la crise de la dette en Europe allait durer encore "une ou deux années" et qu'une mise sous tutelle de la Grèce - déjà largement amorcée - sera probablement nécessaire.

Le dossier grec bloque en particulier sur l'exigence finlandaise de garanties financières en échange de nouveaux prêts. "Nous négocions en continu, mais il n'y a rien de nouveau pour l'instant", a déclaré le 17 septembre la ministre finlandaise des Finances, Jutta Urpilainen.

Autre source d'incertitudes, la troïka des bailleurs de fonds de la Grèce (UE, FMI, BCE) ne donne pas de date de retour dans la capitale grecque, alors que sa présence à Athènes avait été annoncée pour ces jours-ci.

Elle doit décider du versement d'une tranche de prêt de huit milliards d'euros, indispensable pour la survie financière du pays, en fonction des efforts faits par le gouvernement grec.

Le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, a cependant annoncé le 17 septembre que les responsables de la troïka s'entretiendraient avec lui aujourd'hui par téléconférence.

Le Premier ministre grec George Papandréou a par ailleurs ajourné une visite programmée à New York, "car la semaine prochaine est particulièrement cruciale" pour l'application des décisions européennes sur la crise grecque.

AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top