Paris et Berlin rassurants sur la Grèce

La France et l'Allemagne ont une fois de plus tenté de rassurer sur la Grèce le 14 septembre au soir lors d'une téléconférence Paris-Berlin- Athènes organisée pour calmer des marchés financiers focalisés sur la crise de la dette en zone euro, qui est aussi sous pression américaine.

"Le président de la République et la chancelière sont convaincus que l'avenir de la Grèce est dans la zone euro", a rapporté la présidence française dans un communiqué alors que le sort de la Grèce -faillite ? Sortie de la zone euro ?- ne cesse d'agiter les marchés.

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel avaient déjà tenté, sans succès, de jouer les pompiers en se réunissant mi-août mais n'avaient pas réussi à convaincre les investisseurs sur un sauvetage d'Athènes.

Les Européens cherchent désespérément à se sortir de ce bourbier, dans lequel ils sont enlisés depuis décembre 2009, réaffirmant presque quotidiennement leur soutien indéfectible à la monnaie unique.

À Berlin, le porte-parole de la chancelière a indiqué que le duo "Merkozy", selon le surnom donné aux deux responsables politiques dans les salles de marchés, a "souligné qu'il est plus que jamais primordial de mettre en oeuvre les décisions (prises) par les chefs d'État et de gouvernement (européens) le 21 juillet" concernant la Grèce, "afin d'assurer la stabilité de la zone euro". "La Grèce est déterminée à assumer toutes ses obligations envers ses partenaires, garantissant ainsi la pleine application du programme de soutien", a insisté le porte-parole du gouvernement grec, Ilias Mossialos, dans un communiqué. "C'est la condition pour le paiement des futures tranches du plan", a précisé la chancellerie allemande.

La téléconférence n'a cependant pas totalement convaincu les analystes à New York. "Je n'ai rien vu de très différent de ce qu'on nous a appris lors des dernières semaines", a réagi Charles Saint-Arnaud, du courtier Nomura. Ce que nous avons eu -l'engagement de la Grèce à poursuivre son programme d'austérité, des déclarations de la France et de l'Allemagne disant qu'ils voient la Grèce dans la zone euro-, c'est ce que le marché espérait entendre, a pour sa part fait valoir Ray Attrill de BNP Paribas.

Une "réunion informelle" s'est également tenue le 14 septembre au Fonds monétaire international (FMI) pour faire le point sur la situation grecque.

Cette réunion n'était pas destinée à prendre une décision, a souligné un porte-parole du FMI, précisant que les négociations avec le gouvernement grec se poursuivaient quant aux conditions du versement du prêt accordé en 2010.

Plusieurs déclarations sur la zone euro ont contribué à attiser la nervosité des marchés au long de la journée. "L'Europe est en danger", a ainsi déclaré le ministre polonais des Finances, Jacek Rostowski, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, dans un discours évoquant des risques de "guerre" en cas d'éclatement de la zone euro.

La zone euro reste sous pression

Les États-Unis gardent eux aussi un œil sur la situation. Fait inhabituel, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, participera à la réunion des ministres des Finances de la zone euro cette semaine, après avoir lancé une série d'avertissements.

Les Européens "reconnaissent qu'ils vont devoir en faire davantage, ils reconnaissent qu'il ont pris du retard", a-t-il estimé. "Ils vont devoir agir plus vite".

Les députés italiens ont approuvé le 14 septembre le plan d'austérité de 54,2 milliards d'euros qui doit permettre à l'Italie de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette, alors que le pays reste sous intense pression des marchés. Mais depuis quelques jours, le doute s'est installé sur la capacité de la Grèce à respecter ses engagements d'économies et de réformes, et l'hypothèse d'une faillite du pays, repoussée par tous les dirigeants il y a peu, gagne du terrain.

Mardi, Mme Merkel avait souligné que "la priorité absolue était d'éviter un défaut de paiement incontrôlé de la Grèce". Une manière de reconnaître qu'un défaut de paiement bien encadré de la Grèce n'est plus à écarter.

La Chine a quelque peu douché les espoirs de voir les grands pays émergents des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) voler au secours de l'Europe, comme l'avait laissé espérer l'annonce d'une discussion sur une aide à l'UE la semaine prochaine.

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a évoqué le 14 septembre de façon générale un renforcement des investissements chinois en Europe, alors que de nombreux opérateurs espéraient l'annonce d'un soutien plus concret à travers le rachat d'obligations.

La tension sur les marchés a été renforcée le 14 septembre par l'abaissement par de l'agence de notation Moody's de la note de deux banques françaises, Société Générale et Crédit Agricole, alors que le secteur est très malmené en Bourse en raison de son exposition aux dettes des États européens. Mais des dirigeants du lobby mondial des banques, l'Institut de la finance internationale (IIF), ont cherché à calmer la spéculation autour des établissements français. "C'est un peu difficile pour moi à comprendre, dans le sens où nous savons grâce aux renseignements révélés au moment des tests de résistance (...) que les deux établissements en question avaient une exposition notable mais très gérable à la Grèce", a expliqué le directeur général de l'IIF, Charles Dallara.

La confirmation par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso de la présentation d'une étude sur les options possibles en vue de créer des euro-obligations, mécanisme de mutualisation des dettes entre pays de la zone euro, avait auparavant ramené le calme.

Après une ouverture en nette baisse, les marchés européens ont réussi à terminer dans le vert : Paris a progressé de 1,87%, Londres de 1,02% et Francfort de 3,36%. À Madrid même tendance à +2,70% tandis que Milan gagnait 2,69%.

Après la téléconférence Athènes-Berlin-Paris, la Bourse de New York a accéléré ses gains, terminant en hausse pour la troisième séance d'affilée : le Dow Jones a pris 1,27% et le Nasdaq 1,60%.

AFP/VNA/CVN

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