La Turquie abat un bombardier russe à la frontière syrienne, un pilote tué

La Turquie a abattu mardi 24 novembre un avion militaire russe qui avait, selon elle, violé son espace aérien à sa frontière avec la Syrie, provoquant une brusque escalade des tensions qui complique les efforts de formation d'une coalition antijihadiste mondiale.

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L'appareil, un chasseur-bombardier de type Sukhoï Su-24u, a été abattu par deux F-16 turcs et s'est écrasé dans l'extrême Nord-Ouest du territoire syrien, au nord de Lattaquié, théâtre depuis plusieurs jours de violents combats entre l'armée syrienne, soutenue par l'aviation russe, et des groupes rebelles.

Les deux pilotes ont pu s'éjecter avant le crash mais, selon l'état-major russe, l'un des deux a été tué avant de toucher le sol, confirmant ainsi des informations de sources proches de l'opposition syrienne.

Un bombardier russe Sukhoi Su-24 décolle de la base aérienne de Hmeimim, dans la province de Lattaquié, en Syrie, le 3 octobre.

Un responsable gouvernemental turc avait toutefois auparavant indiqué que les deux militaires étaient en vie et que son pays tentait de les récupérer.

Le commandement militaire russe n'a donné aucune information sur le sort du second pilote mais a indiqué qu'un de ses soldats avait été tué en Syrie lors des opérations héliportées engagées pour tenter de retrouver l'équipage du Su-24.

Cet incident, le plus grave depuis le début de l'engagement russe aux côtés du président syrien Bachar al-Assad il y a deux mois, intervient alors que la France tente de convaincre les Américains, et surtout les Russes, de muscler ensemble leur lutte contre les jihadistes après les attentats de Paris.

Moscou est le dernier soutien, avec l'Iran, au régime de Damas, alors que les Occidentaux et la Turquie exigent le départ immédiat du président Assad.

Le président russe Vladimir Poutine (droite) lors d'un entretien avec le roi Abdallah II de Jordanie, le 24 novembre à Sotchi.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a justifié le recours à la force par ses forces armées. "Tout le monde doit respecter le droit de la Turquie à protéger ses frontières", a-t-il lancé lors d'un discours prononcé à Ankara.

'Coup de poignard'

L'état-major turc a affirmé que le chasseur-bombardier russe avait clairement violé l'espace aérien turc et qu'il en avait été averti "dix fois en l'espace de cinq minutes". Ces avertissements ont été confirmés par le Pentagone.

Le ministère russe de la Défense a catégoriquement démenti ces allégations, affirmant que son appareil se trouvait "exclusivement dans l'espace aérien syrien".

Le président russe Vladimir Poutine a très vivement réagi à la perte d'un de ses avions militaires en dénonçant un "coup de poignard dans le dos qui nous a été porté par les complices des terroristes".

La Turquie a longtemps été accusée de complaisance à l'égard des rebelles radicaux en guerre contre le régime de Damas mais a récemment rejoint la coalition antijihadiste.

"Notre avion, nos pilotes ne menaçaient nullement la Turquie", a souligné M. Poutine lors d'une conférence de presse, "cet événement tragique va avoir des conséquences sérieuses sur les relations russo-turques".

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'adresse aux médias, le 24 novembre à Sotchi.

Son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dans la foulée annoncé l'annulation de sa visite prévue mercredi 25 novembre en Turquie dans le cadre des pourparlers engagés à Vienne par les grandes puissances pour esquisser une solution politique au conflit syrien, qui a fait plus de 250.000 morts en quatre ans.

'Éviter toute escalade'

Il a également déconseillé à ses concitoyens de se rendre en Turquie, une de leurs destinations touristiques favorites. "Le nombre de manifestations de terrorisme sur le territoire turc n'est pas moindre, selon nos estimations, qu'en Égypte", a-t-il justifié.

De nombreux responsables internationaux ont invité la Turquie et la Russie à la retenue.

En visite à Washington, le président français François Hollande a souhaité que l'on "évite toute escalade". Le secrétaire général des nations unies Ban Ki-moon a pour sa part plaidé pour des "mesures urgentes pour apaiser les tensions".

À l'issue d'une réunion extraordinaire convoquée à la demande d'Ankara, le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg s'est déclaré "solidaire" de la Turquie mais a lui aussi appelé "au calme et à la désescalade".

AFP/VNA/CVN

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