L’état d'urgence réinstauré après un attentat contre la sécurité présidentielle en Tunisie

L'état d'urgence a été réinstauré mardi soir 24 novembre en Tunisie après la mort d'au moins 12 agents de la sécurité présidentielle dans un attentat contre leur bus en plein centre de la capitale.

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L'explosion, qui s'est produite en fin d'après-midi près d'une des principales artères de Tunis, "est un acte terroriste. Il y a 12 martyrs", a dit Walid Louguini, le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Vingt agents ont aussi été blessés, dont au moins un grièvement selon le ministère de la Santé. Tous les morts sont des membres de la sécurité présidentielle, selon les autorités.

Des policiers tunisiens sur les lieux d'un attentat à bombe contre un bus de la sécurité présidentielle dans le centre de Tunis, le 24 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans une allocution télévisée en soirée, le chef de l'État Béji Caïd Essebsi, qui a annulé une visite d'État en Suisse, a annoncé que l'état d'urgence était réinstauré sur l'ensemble du territoire. Celui-ci avait été levé début octobre, quelque trois mois après l'attentat près de Sousse (38 morts).

M. Essebsi a également proclamé un couvre-feu sur le Grand Tunis "à partir de 21h00 et jusqu'à demain 05h00". Cette mesure sera en vigueur "jusqu'à nouvel ordre", a indiqué le porte-parole de la présidence, Moez Sinaoui.

Une réunion du conseil de sécurité nationale est aussi prévue mercredi 25 novembre à 10h00 (09h00 GMT).

Tension extrême

Sur le site de l'attentat, près de l'avenue Mohamed-V qui a été bouclée, une journaliste de l'AFP a pu voir un bus en grande partie calciné. De nombreuses ambulances, les pompiers et les forces de l'ordre se trouvaient sur place, où régnait une tension extrême. Plusieurs journalistes ont été agressés par des policiers en civil qui refusaient leur présence sur les lieux.

"La plupart des agents qui se trouvaient dans le bus sont morts", a déclaré une source de sécurité sur place. Le ministère de l'Intérieur n'était pas en mesure de préciser combien de personnes au total se trouvaient à bord du véhicule.

Un employé de banque du secteur a affirmé avoir entendu "une forte explosion" et "vu le bus en feu".

Localisation de l'explosion d'un bus de la sécurité présidentielle à Tunis
Photo : AFP/VNA/CVN

Le Premier ministre Habib Essid et le ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli, se sont rendus sur place.

La sécurité a été renforcée sur l'avenue Habib Bourguiba, située à proximité du lieu de l'explosion et où se trouve notamment le ministère de l'Intérieur.

Ce nouvel attentat intervient en plein festival international de cinéma - les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) - dans le centre de la capitale.

Son directeur Ibrahim Letaïef a exprimé le souhait des organisateurs de poursuivre mercredi 25 novembre. "C'est la seule manière de répondre à ces actes barbares", a-t-il dit.

À l'étranger, l'attentat a été condamné "avec la plus grande fermeté" par le président français François Hollande. "À Tunis comme à Paris, c'est le même combat pour la démocratie contre l'obscurantisme", a-t-il affirmé.

Un berger décapité

La Tunisie fait face depuis sa révolution en janvier 2011 à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de militaires et de policiers.

Cette année, deux attentats revendiqués par le groupe État islamique (EI) ont tué 59 touristes étrangers et un policier, celui de Sousse en juin et au musée du Bardo à Tunis, en mars.

Le ministère de l'Intérieur annonce régulièrement des arrestations de jihadistes présumés. Sept femmes accusées de faire la propagande de l'EI ont été récemment arrêtées, tandis que les autorités ont annoncé avoir interpellé une vingtaine de personnes qui planifiaient, selon elles, des attaques contre des hôtels et des "bâtiments sécuritaires".

La Tunisie compte des milliers de ressortissants combattant dans les rangs de groupes extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye.

AFP/VNA/CVN

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