>>Vigilance accrue, des suspects recherchés
Les unes de journaux, le 23 novembre à Bamako après l'attaque sanglante contre un hôtel de la capitale malienne. |
Appuyés par des experts français et de l'ONU, les enquêteurs maliens ont mené des perquisitions pour débusquer les complices des auteurs de l'attentat contre un grand hôtel de Bamako, toujours recherchés lundi 23 novembre, au premier des trois jours de deuil national.
Vingt personnes ont péri dans cette attaque avec prise d'otages vendredi, outre les deux assaillants, a affirmé lundi soir le procureur chargé de l'enquête à la télévision publique malienne.
"Tous les témoins s'accordent pour dire qu'il y avait deux terroristes, pas plus. Je suis catégorique", a assuré Boubacar Sidiki Samaké, alors que certains clients de l'hôtel et l'un des groupes jihadistes qui a revendiqué l'attentat ont fait état d'un chiffre supérieur.
Les drapeaux étaient en berne dans Bamako où la sécurité a été ostensiblement renforcée aux abords des grands hôtels, et plus discrètement devant des mairies d'arrondissement et des banques.
"L'enquête avance", a assuré le procureur Samaké. Les assaillants ont "bénéficié de complicités pour venir à l'hôtel" mais aussi "pour commettre le forfait", a-t-il déclaré, précisant que les enquêteurs avaient découvert une valise contenant des grenades leur appartenant.
La télévision publique, l'ORTM, a diffusé des photos de deux hommes noirs, apparemment morts, présentés comme les assaillants tués, avec un numéro d'appel pour des témoignages les concernant.
Des spécialistes français en criminologie sont arrivés pour aider à l'identification des corps. La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) participe aussi à l'enquête.
Par solidarité, le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée, trois pays voisins, ont également décidé d'observer un deuil jusqu'à mercredi en mémoire des victimes, dont au moins 14 étrangers.
Après le chef de l'État sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Cédéao, son homologue béninois Thomas Yayi Boni lui a succédé lundi à Bamako ainsi que le Premier ministre burkinabè Yacouba Isaac Zida, pour marquer leur soutien au Mali.
Des terroristes "très bien implantés au Mali"
Le Radisson Blu a été attaqué le 20 novembre au matin par des hommes armés qui y ont retenu environ 150 clients et employés. Les forces maliennes, appuyées par des forces spéciales françaises et américaines et des agents de la Minusma, sont intervenues et ont "exfiltré" 133 personnes, selon le ministère de la Sécurité.
L'Algérien Mokhtar Belmokhtar. |
L'attentat a été revendiqué le jour même par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, "avec la participation" d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Un porte-parole d'Al-Mourabitoune a laissé entendre dimanche que les deux assaillants étaient maliens, en les identifiant par le nom "al-Ansari" qui désigne dans la terminologie jihadiste des combattants autochtones.
Un groupe jihadiste du centre du Mali, le Front de libération du Macina (FLM), a également revendiqué dimanche l'attentat. Selon lui, il a été exécuté "avec la collaboration d'Ansar Dine", groupe jihadiste de l'ex-chef rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly, par un commando de cinq membres dont "trois sont sortis sains et saufs".
Dans un entretien avec l'AFP, le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, a estimé que "les terroristes sont très bien implantés au Mali malgré les efforts" pour les mettre hors d'état de nuire depuis l'intervention internationale lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit.
Selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, Mokhtar Belmokhtar, régulièrement donné pour mort, est toujours vivant. "Il circule", a-t-il dit dimanche au sujet du jihadiste algérien réputé séjourner en Libye.
Au Mali, "tous les jihadistes ont pour colonne vertébrale Mokhtar Belmokhtar. Iyad (Ag Ghaly) est le coordinateur au Mali. Selon la mission (qui leur est assignée), un nom de groupe est utilisé mais les acteurs restent sensiblement les mêmes", a affirmé une source au sein du renseignement malien.
D'après elle, les deux assaillants tués n'étaient "pas seuls", c'étaient "bien des étrangers" à la peau noire - de nationalité indéterminée - que "trois à quatre complices" locaux auraient aidés avant leur opération.
Des rescapés de la prise d'otages ont affirmé avoir entendu sans les voir les assaillants se parler en anglais, sans pouvoir identifier leur accent.