La musique traditionnelle cherche à tirer profit de la mondialisation

Plus que jamais, la musique traditionnelle est menacée par la diversité du marché musical actuel, et par les nouvelles tendances artistiques contemporaines qu’il propage.

>>Ces gens qui cultivent l’âme du people

Le Vietnam présente des musiques traditionnelles très variées, originales et diversifiées. Le nha nhac (musique de Cour) de Huê, les gongs du Tây Nguyên sur les hauts plateaux du Centre, le quan ho (chants alternés) de Bac Ninh, le ca trù (chants des courtisanes), le hat xoan (chants printaniers) de Phu Tho et plus récemment le don ca tài tu (musique des amateurs du Sud), ont été reconnus patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

 

L’espace de la culture des gongs du Tây Nguyên a été inscrit en 2008 par l’UNESCO sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Pourtant, la musique traditionnelle peine à se faire entendre ces derniers temps et attire peu l’intérêt du public, notamment des jeunes. La directrice du Centre des études, de préservation et de valorisation de musique folklorique Mai Tuyêt Hoa le reconnaît : «La plupart des jeunes ne comprennent pas la musique folklorique. Ils préfèrent la musique étrangère. Ce qui rend la tâche d’autant plus difficile pour les intermittents travaillant dans le domaine de la musique traditionnelle de subsister».

En effet, le processus d’intégration mondiale et d’ouverture à l’étranger qui prévaut à l’heure actuelle pousse les jeunes à s’intéresser à la culture d’autres pays. Ils aiment particulièrement les musiques étrangères. Ces dernières sont plus diffusées que les musiques traditionnelles et créent un déséquilibre. Au lieu de prendre part activement à la préservation de ce patrimoine, un bon nombre de jeunes préfèrent les arts étrangers, qui dominent désormais la vie artistique du pays.

L’invasion des courants culturels étrangers influence l’identité culturelle vietnamienne. Le professeur Hoàng Chuong, directeur général du Centre de préservation et de valorisation de la culture du peuple, s’inquiète du désintérêt croissant de la population pour la musique traditionnelle. Pour les attirer, il faudrait renouveler cette musique. Au risque d’altérer les traditions léguées par nos ancêtres depuis des siècles.

Le chemin est raboteux

La question de la préservation et de la valorisation de la musique folklorique n’est pas nouvelle. Elle est évoquée depuis des années et dans divers contextes notamment des colloques. Diverses solutions ont été proposées mais de la théorie à la pratique, le chemin est encore très long et nécessite un réel investissement des services et organismes compétents.

 

Une représentation de quan ho dans l’ancien quartier de Hanoi.

Des programmes d’actions concrets sont nécessaires pour empêcher l’apparition de musiques hybrides. «Si la musique traditionnelle n’est pas populaire auprès des jeunes, c’est aussi par manque de moyens», s’inquiète le professeur et musicologue Trân Van Khê. Il faudrait enseigner la musique traditionnelle dans les écoles. Le directeur de l’Académie de la musique, Lê Van Toàn, partage l’avis du professeur Trân Van Khê : «En réalité, on manque encore d’investissements pour former des gestionnaires ou des artistes dans ce domaine».

«Pour que les jeunes s’intéressent plus à la musique folklorique, il faut leur donner des opportunités de découvrir cet art», souligne Trân Van Khê. Or, peu de représentations sont organisées. Il est important d’enseigner ces arts dans les écoles et de les diffuser dans les médias. Les radios, les télévisions et les autres médias sont des moyens efficaces pour introduire et présenter davantage la musique traditionnelle au public.

Une oeuvre musicale diffusée sur les ondes à la radio ou à la télé dispose d’une audience de plusieurs millions de personnes. En parallèles des mesures d’introduction des musiques traditionnelles dans les écoles, il est nécessaire d’organiser des festivals, de promulguer des politiques pour mieux rémunérer les artistes populaires, et bien sûr il ne faut pas oublier le rôle important des médias.

«Une hirondellene ne fait pas le printemps», explique Trân Van Khê. «L’heure est venue de nous donner la main pour préserver et valoriser la musique folklorique», c’est l’avis partagé par des chercheurs, des gestionnaires, des compositeurs ayant récemment participé à une conférence scientifique sur «La musique traditionnelle à l’époque contemporaine», organisée par le Centre d’études pour la préservation et la valorisation de la musique folklorique et l’Académie de la musique à Hô Chi Minh-Ville. On espère que ceux qui s’intéressent à l’essor de la musique traditionnelle prendront part plus activement à sa promotion, car la situation est devenue urgente.

 

Diêu An/CVN

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