>>Nouvelle politique pour les enseignants
Un repas simple des enseignants et élèves de l’École primaire Sung Là, à Dông Van. |
Les enseignants pour les élèves des zones montagneuses et isolées du Nord sont quotidiennement confrontés à d’innombrables difficultés, parmi lesquelles une précarité omniprésente et à tous les niveaux. Mais leur amour du métier et leur détermination leur permettent de s’en affranchir pour contribuer de façon significative au développement de l’éducation nationale.
Parlant des difficultés que rencontrent ces enseignants, Trân Thanh Chiên, directeur du collège Thuong Nông, dans le district de Na Hang, province de Tuyên Quang, informe que son école est extrêmement difficile d’accès. Enseignants et élèves doivent patauger dans la rivière pour aller à l’école. Lors de la saison des pluies, ils sont parfois confrontés aux glissements de terrain en montagne. De plus, chaque enseignant venu de la plaine doit apprendre la langue de la minorité ethnique. En outre, les conditions de vie des enseignants sont très difficiles. Sans électricité, ils doivent profiter de la pause à midi pour éditer leurs plans de leçons. En l’absence d’enseignants, certains doivent s’occuper de deux classes en même temps.
Insuffisance des infrastructures
À l’École primaire Sung Là du district de Dông Van, province de Hà Giang (à 450 km de Hanoi), les effectifs - enseignants et élèves - ne sont pas toujours au complet. L’école abrite 100 élèves pensionnaires, dont le déjeuner est facturé la modique somme de 4.800 dôngs/personne (contre 20.000-30.000 dôngs/repas dans les écoles primaires publiques en plaine). Dans les écoles de la haute région, les enseignants s’occupent non seulement de l’éducation, mais aussi de la cuisine pour les élèves.
«Hà Giang est une province montagneuse pauvre, d’où l’insuffisance des infrastructures scolaires», reconnaît le directeur du Service provincial de l’éducation et de la formation, Luong Van Soòng. La province compte près de 11.000 salles de classe, mais seules 6.000 environ sont des constructions en dur. «Dans certains districts, en raison du manque de salles de classe, des écoles doivent organiser des cours en deux séances», ajoute-t-il.
Une classe dans la province montagneuse du Nord. |
L’école Mô Dê, à Mù Cang Chai, province de Yên Bái, compte 650 élèves, mais qui doivent être répartis en huit campus. Si le siège principal de l’établissement a été correctement construit, on ne peut pas en dire autant de ses sept antennes, qui semblent toujours être en chantier... Toutefois, les enseignants fréquentent toujours patiemment l’école. Si le chemin est glissant et boueux, ils attacheront leur véhicule au tronc d’arbre à l’aide d’une chaîne et d’un cadenas, puis marcheront à pied jusqu’à l’école. «Nous avons une quarantaine d’enseignants, dont beaucoup viennent de la plaine. Avec un tel environnement de travail, il n’est pas facile de préserver leur amour du métier, leur patience et leur dévouement», estime le directeur de l’école, Trân Hông Hà.
Salaire modeste
Pour le chef adjoint du Service de l’éducation et de la formation de la province de Diên Biên, Nguyên Sy Quân, parler de l’éducation de Diên Biên, c’est penser aux difficultés croissantes, surtout en ce qui concerne les installations scolaires. «Les frais pour la construction d’une école en zone reculée de Diên Biên seront trois fois plus élevés que pour les autres écoles en plaine. Car le transport des matériaux de construction à l’école est extrêmement difficile, il y a des chemins inaccessibles en voiture. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, écoles et classes de nombreux districts pauvres de la province sont toujours en situation précaire», déplore-t-il.
En ces temps où les prix sur le marché ne cessent d’augmenter, la vie des enseignants vivant seulement de leurs salaires est devenue plus difficile, en particulier pour ceux des régions montagneuses. Selon la décision gouvernementale N°244 datant de 2005 sur l’allocation des enseignants dans les écoles publiques, ceux du collège et du lycée dans les régions montagneuses, insulaires, reculées et éloignées ont droit à une allocation de 35% du salaire. Par exemple, un enseignant ayant un salaire moyen d’environ 2,5 millions de dôngs/mois dans la plaine bénéficiera d’un revenu mensuel supérieur à 3,3 millions de dôngs dans ces zones d’accès difficile.
Les diplômés de l’université, qui enseignent dans les collèges ou lycées des zones où les conditions socio-économiques sont particulièrement difficiles, ont droit à des subventions de 140% du salaire. Ainsi, ce même enseignant pourra percevoir quelque 6 millions de dôngs par mois. Ce simple calcul suffit dès lors à dresser un constat amer : le revenu des enseignants dans les régions montagneuses parvient difficilement à satisfaire leurs besoins quotidiens, car outre leurs propres dépenses, ils ont aussi à charge leur famille et leurs enfants.
«La qualité des enseignants et les infrastructures des établissements scolaires sont des éléments déterminants pour la qualité de l’éducation et de la formation. Cependant, dans les provinces montagneuses du Nord, en raison de la situation socio-économique, des problèmes d’accès pour les transports, de ressources financières, il demeure compliqué d’investir comme il se doit dans les infrastructures scolaires. La vie des enseignants reste difficile», reconnaît un dirigeant du ministère de l’Éducation et de la Formation.
Dans l’immédiat, la priorité est donnée au déploiement des enseignants dans les zones montagneuses qui connaissent un déficit important en termes d’effectifs. Tous expriment l’intérêt qu’ils accordent au fait que les élèves fréquentent l’école, ce qui est déjà une grande satisfaction. Un intérêt qui devrait se traduire en actions concrètes de la part des acteurs de l’éducation. Il ne faut pas oublier qu’éducation rime avec développement.
Hông Nga/CVN