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Trân Tô Nga lors de la conférence de presse. |
Photo : VNA/CVN |
Trân Tô Nga a déclaré lors d'une conférence de presse hybride tenue le 25 avril que le Vietnam comptait plus de trois millions de victimes de l'AO/dioxine au moment où elle a intenté une action en justice en mai 2009. Mais l'impact de ce produit chimique toxique persiste depuis des générations, même jusqu'à la quatrième génération, portant ce nombre à plus de quatre millions.
"Je me bats non seulement pour moi-même, mais aussi pour des millions de victimes au Vietnam et dans de nombreux autres pays", a déclaré Trân Tô Nga.
Elle a dit qu’elle avait toujours le courage de suivre le procès car il s’agit d’un combat juste et noble.
William Bourdon, l'un des deux avocats qui ont apporté leur soutien bénévole à Trân Tô Nga et à des millions de victimes vietnamiennes depuis le début du procès, a déclaré qu'ils devront fournir des preuves solides pour convaincre la cour d'appel de rejeter la décision irrationnelle du tribunal d'instance d'Evry en faveur des multinationales qui produisaient des herbicides toxiques provoquant un désastre humanitaire, sanitaire et environnemental sans précédent.
Il existe de nombreux arguments juridiques montrant que les entreprises n’ont pas été contraintes par l’administration américainne mais ont volontairement rejoint l’appel d’offres et ont produit le poison, a-t-il déclaré, exprimant son optimisme quant à la décision du tribunal.
De son côté, l'avocat Bertrand Repolt a déclaré que Trân Tô Nga a recueilli le soutien enthousiaste des victimes ainsi que de nombreuses associations et organisations, ce qui donne aux avocats la force de poursuivre ce combat juridique.
Lors de la conférence de presse, de nombreuses organisations ont exprimé leur solidarité avec Trân Tô Nga. Le Collectif Vietnam Dioxine a annoncé qu'il organiserait une réunion de soutien à Trân Tô Nga et aux victimes sur la place de la République à Paris le 4 mai. Parallèlement, une soirée caritative aura lieu le 26 avril au soir pour récolter des fonds pour le procès.
Née en 1942, Trân Tô Nga est une Viêt kiêu (vietnamien résidant à l'étranger) de France. Elle est originaire de la province vietnamienne de Soc Trang (Sud). Elle est diplômée d'une Université de Hanoï en 1966 et est devenue correspondante de guerre de “Thông tân xa Giai Phong” (Agence d’Information de Libération), un des deux organes prédécesseurs de l'Agence Vietnamienne d’Information (VNA en abréviation anglaise). Elle a travaillé dans certaines des régions du Sud du Vietnam les plus touchées par l'AO/dioxine, telles que Cu Chi, Bên Cat et le long de la piste Hô Chi Minh, subissant elle-même les effets de la contamination. Elle souffre de cinq des 17 maladies, troubles, déformations et malformations associés à l’exposition à la dioxine reconnues par les États-Unis.
Parmi ses trois enfants, le premier est décédé de malformations cardiaques et le second souffre d’une maladie du sang.
En 2009, Trân Tô Nga a comparu comme témoin devant le Tribunal de l'Opinion Publique de Paris, en France, contre les entreprises chimiques américaines.
Le 16 avril 2015, le tribunal de grande instance d'Evry, en banlieue de Paris, a tenu la première audience sur l'affaire, mais depuis lors, les avocats des entreprises chimiques poursuivies ont tenté par tous les moyens de prolonger les procédures.
Le 10 mai 2021, le tribunal de grande instance d'Evry a rejeté son procès, estimant qu'il n'était pas compétent pour connaître l'affaire, un jugement qui a déçu l'opinion vietnamienne et internationale.
Cependant, Trân Tô Nga et ses avocats ont décidé de faire appel, et la lutte pour que justice soit rendue aux victime est toujours en cours.
Environ 80 millions de litres d’herbicides toxiques
Un cours d'apprentissage en vafeur de victimes de l'agence orange/dioxine à Dà Nang (Centre). |
Photo : VNA/CVN |
Pendant la guerre du Vietnam, entre 1961 et 1971, l'armée américaine a largué sur le Vietnam environ 80 millions de litres d’herbicides toxiques à forte teneur en dioxine, l’un des produits toxiques les plus puissants, sur le Vietnam pour détruire la végétation qui couvrait la progression des soldats vietnamiens et les priver de leurs sources de nourriture.
Environ 4,8 millions de Vietnamiens ont été exposés à ce produit chimique toxique. De nombreuses victimes sont mortes, tandis que des millions de leurs descendants vivent avec des malformations et des maladies résultant directement des effets de ce produit chimique.
VNA/CVN