L’histoire avec tous ses aspects douloureux a tissé des liens particuliers entre le Vietnam et la France. Après les années de guerre, la France a été le lieu de cinq années de négociations qui ont permis la paix et l’indépendance du Vietnam avec les accords de Paris. C’est pourquoi les «Années croisées» France - Vietnam 2013 et 2014 ont une grande signification puisqu’elles célèbrent le 40e anniversaire de la signature des accords de paix et de la reconnaissance de la République socialiste du Vietnam.
Plantation de pruniers dans la province de Son La (Nord), projet de coopération entre la région Midi-Pyrénées et cette localité. |
Ces «Années croisées» s’inscrivent dans une suite d’évènements qui doivent marquer une avancée importante des relations bilatérales. En effet, en 2013, les 8es Assises de la coopération décentralisée entre les collectivités françaises et vietnamiennes ont été tenues. C’est aussi l’année de la signature d’un accord de partenariat stratégique entre la France et le Vietnam. Une série de rencontres ministérielles a eu lieu tant à Hanoi qu’à Paris et je pense qu’il est utile d’en faire le bilan pour envisager les perspectives de resserrement de leurs liens. Perspectives qui se situent dans une mondialisation marquée par la crise d’un mode de fonctionnement financier et économique mondial dominé par le profit financier.
En tant qu’élu du Poitou-Charentes, j’ai participé à sept assises franco-vietnamiennes qui se sont succédées depuis 20 ans. Je peux témoigner que les assises de Brest n’ont pas été le simple prolongement des assises antérieures ; elles ont abordé les dimensions nouvelles des coopérations entre les collectivités de nos deux pays en se plaçant intégralement sous le sceau d’un développement durable répondant aux besoins et aux possibilités. L’engagement des collectivités dans des coopérations s’inscrit dans des objectifs globaux, contribuent à des échanges mutuellement avantageux et associent les populations à la réalisation de ces objectifs.
Coopération décentralisée
La coopération décentralisée est un élément du développement d’une «diplomatie populaire» et d’une «participation citoyenne» en intervenant dans l’élaboration de réponses aux besoins humains, ceux de l’éducation, de la santé, de l’urbanisation, de l’évolution du monde rural, etc. Cette coopération décentralisée évolue selon une dynamique non seulement basée sur la solidarité, mais aussi sur des partenariats s’inscrivant dans des problématiques à la fois nationales et mondiales.
Production de fromage à la Compagnie laitière de Môc Châu, projet de coopération décentralisée entre Midi-Pyrénées et Son La |
Les visites du ministre français des Affaires étrangères à Hanoi, puis celle du ministre vietnamien des Affaires étrangères à Paris, le déplacement du Premier ministre vietnamien, et la signature de l’accord de coopération stratégique avec le Premier ministre français, expriment la montée en puissance des relations politiques, économiques et culturelles entre les deux pays, de leur contribution à une évolution positive des problèmes mondiaux et des relations internationales.
La montée en puissance des relations bilatérales
Les 28 objectifs de l’accord intègrent dans une démarche globale les conventions conclues antérieurement. Cela concerne notamment les industries aéronautiques, le transport, les infrastructures urbaines, l’informatique, la santé, l’agroalimentaire, l’énergie et la défense. De fortes avancées sont prévues dans les domaines de la formation, tant pour l’accueil des étudiants vietnamiens en France que pour les relations universitaires, scientifiques et technologiques. Ceci répond aux objectifs du Vietnam comme aux intérêts français. Cela peut être innovant comme élément de réponse aux problèmes du monde.
Coopérer avec le Vietnam, c’est s’engager sur les chemins d’une Francophonie ouverte et utile. Avec la résurgence de vieilles civilisations et l’émergence de nouvelles puissances, la Francophonie dans le Sud-Est asiatique ne peut exister que par une affirmation originale qui s’inscrit dans le dialogue des cultures à partir des réalités politiques et économiques. Dans cette démarche, la Francophonie a de l’avenir dans le cadre de la diversité des identités des peuples. Elle est nécessaire pour faire reculer les idéologies de la peur, les haines ethniques, elle peut contribuer fortement à faire prévaloir les besoins humains en tant que facteur de développement.
Et je voudrais en tant que communiste français m’adresser au président de la République François Hollande : c’est à l’évidence l’intérêt de la France de resserrer ses liens avec le Vietnam, pays émergent dynamique. Le Vietnam peut être un point d’appui pour une diplomatie tournée vers l’Asie et le Pacifique. Le renforcement de ces relations peut être aussi un axe d’expérimentation d’approches originales des grands défis planétaires : la réduction de la pauvreté et des inégalités, la lutte contre la faim, pour la santé, pour l’éducation. Enfin pour sortir des violences, des risques de conflits où l’usage des armes ne peut rien résoudre, on peut aussi, avec le Vietnam, avancer dans le sens de relations fondées sur l’équilibre, le respect et la coopération. Au fond, Monsieur le président, cela peut être un espace pour aller dans le sens de votre programme.
Le Vietnam, pays émergent dynamique
Personnellement, j’attends beaucoup d’une visite présidentielle à Hanoi. Ce serait un acte qui marquerait non seulement les relations entre la France et le Vietnam, mais qui irait plus loin en répondant aux défis du monde actuel comme aux enjeux du futur. Cela irait dans le sens de la réalisation des 60 engagements pour la France pris en 2012 dans le cadre de la campagne des présidentielles.
Conseiller régional honoraire, ancien vice-président de la Région Poitou-Charentes, Paul Fromonteil fut l’un de ceux qui ont institué les étroits rapports qui existent entre Poitou-Charentes et le Vietnam, et plus particulièrement avec la province de Thua Thiên-Huê.
Président du groupe communiste au Conseil régional, l’engagement de Paul Fromonteil pour le Vietnam remonte à la période des guerres française et américaine. Il a participé aux luttes de solidarité avec le peuple vietnamien et, jeune étudiant, cela lui a valu de connaître les prisons françaises avec Raymonde Dien.
Paul Fronmonteil est membre du Bureau national de l’Association d’amitié franco-vietnamienne (AAFV) et Délégué général de l’Association internationale des régions francophones (AIRF).
Paul Fromonteil/CVN