La famine s'étend encore en Somalie, 750.000 vies en danger

La famine s'est encore étendue en Somalie et la situation risque de se détériorer davantage d'ici à la fin de l'année, a averti le 5 septembre l'ONU, qui enregistre une sixième région frappée et 750.000 personnes désormais menacées de mort dans le pays le plus touché par la sécheresse dans la Corne de l'Afrique.

La nouvelle province touchée est celle de Bay, où la malnutrition aiguë culmine à 58%. Alors surnommée la "cité de la mort", sa capitale Baïdoa avait été au cœur de la famine en Somalie du début des années 90.

Comme les cinq autres régions décrétées en état de famine par l'ONU, Bay se situe dans le sud somalien, contrôlé pour l'essentiel par les insurgés islamistes shebab.

"Au total, quatre millions de personnes sont en situation de crise en Somalie, dont 750.000 qui risquent la mort dans les quatre prochains mois," a prévenu le Centre d'analyse pour la sécurité alimentaire (FSNAU) de l'ONU. En juillet, l'ONU craignait pour la vie de 450.000 personnes, sur une population estimée à moins de huit millions d'habitants.

Des dizaines de milliers de personnes sont déjà mortes, en majorité des enfants, rappelle l'ONU, qui souhaiterait voir l'aide internationale passer à la vitesse supérieure.

Les Nations unies déclarent une région en famine quand au moins 20% des foyers sont confrontés à une grave pénurie alimentaire, 30% de la population y est en état de grave malnutrition et le taux de mortalité quotidien est au moins de 2 sur 10.000 personnes.

La Somalie est à l'épicentre d'une crise humanitaire qui touche plus de 12 millions de personnes à travers la Corne de l'Afrique. Face à ce que les Nations unies qualifient de pire sécheresse en des décennies, le pays a enregistré sa plus mauvaise récolte en 17 ans et les prix des céréales ont flambé dans le Sud, par endroits trois fois supérieurs aux niveaux de 2010.

Mais 20 ans de guerre civile compliquent aussi la situation. Réunis en conclave à Mogadiscio, le gouvernement de transition somalien et des représentants de territoires autonomes tentent depuis le 4 septembre de trouver une solution à l'impasse politique dans lequel se trouve le pays depuis le départ du président Mohamed Siad Barré en 1991.

Mais cet état de guerre civile entrave pour l'heure l'acheminement de l'aide humanitaire, surtout dans les zones sous contrôle shebab, où les rares ONG présentes, comme Médecins sans frontières (MSF), travaillent dans de difficiles conditions.

"Malgré nos constantes négociations avec toutes les parties du conflit pour améliorer notre accès, il nous faudra peut être nous résoudre à l'idée que nous ne serons jamais capables d'atteindre les communautés les plus dans le besoin ou qu'il faudra compromettre une partie de notre indépendance pour le faire," a déploré le 5 septembre le président international de MSF, Unni Karunakara, dans une tribune sur le site de l'organisation.

Le Dr Karunakara s'inquiète de la capacité de l'aide à dépasser les ports de Mogadiscio pour arriver aux personnes "qui en ont un besoin urgent". L'ONU, dont le Programme alimentaire mondial est sur la liste noire des shebab et qui doit travailler avec des organisations partenaires dans le Sud somalien, dit avoir reçu 550 millions de dollars sur le 1,06 milliard demandé aux pays donateurs pour la Somalie. Elle assure que de l'aide parvient à la population dans le sud, mais insuffisamment, reconnaît-elle. Les régions de Bas Shabelle et le Sud de Bakol, ainsi que les 400.000 déplacés des camps d'Afgoye, au Nord de Mogadiscio, ceux de la capitale somalienne-même, et enfin les districts de Balaad et d'Adale dans la région du Moyen Shabelle avaient déjà été décrétés en état de famine.

Les Nations unies craignent devoir ajouter à cette liste, d'ici à la fin de l'année, les provinces de Juba, Gedo et Hiiran.

AFP/VNA/CVN

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