"Une aggravation des conditions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pourrait faire dérailler la croissance mondiale" , a déclaré l'institution devant le Comité monétaire et financier international (CMFI), instance de 24 pays chargée de définir les grandes orientations politiques du Fonds monétaire international (FMI). Elle a toutefois estimé que les "perturbations économiques directement liées aux bouleversements politiques" dans le monde arabe, si elles en restaient au stade actuel, "devraient avoir des répercussions limitées au niveau mondial" . Il en va de même, selon elle, du séisme, du tsunami et de l'accident nucléaire au Japon.
Selon la Banque mondiale, les révolutions en Tunisie et en Égypte ont amputé la croissance de ces deux pays d'environ trois points en 2011, par rapport à ce qui était prévu il y a trois mois. "La croissance en Égypte et en Tunisie devrait donc être d'environ 2,5% et 1,5% respectivement" , a indiqué la Banque. Mais "si les prix du pétrole devaient augmenter fortement et durablement, que ce soit à cause d'incertitudes croissantes ou d'une perturbation significative de la production pétrolière, la croissance mondiale pourrait ralentir de 0,3 point de pourcentage en 2011 et de 1,2 point en 2012" , a-t-elle prévenu.
Le FMI avait été chargé le 14 avril "d'une évaluation économique" en vue d'un "plan d'action commun" de cinq institutions internationales d'aide au développement pour la région Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient. "Bien sûr nous nous tenons prêts à aider, sur le versant de l'assistance technique, et sur le versant du financement" , a affirmé le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors d'une conférence de presse après la réunion.
La Banque mondiale a rappelé que la volatilité des prix du pétrole et des produits agricoles avait été "encore plus forte" que d'ordinaire ces dernières semaines.
Les États membres de la Banque mondiale ont appelé le 16 avril l'institution à "renforcer son soutien au Moyen-Orient et à l'Afrique du Nord" , dans une déclaration commune à l'issue d'une réunion à Washington. "Les événements récemment survenus dans certaines parties du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord auront des conséquences sociales et économiques durables, qui différeront toutefois d'un pays à un autre" , a indiqué le Comité de développement, instance politique qui conseille la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. "Nous demandons à la Banque de renforcer son appui au Moyen-Orient et à l'Afrique du Nord, en collaborant avec les autorités nationales et les organisations multilatérales, régionales et bilatérales pertinentes" , a ajouté le Comité.
Les États-membres se sont félicités "des promptes interventions et des conseils du Groupe de la Banque mondiale et du FMI et, notamment, de l'appui aux programmes et aux stratégies dans les domaines de l'emploi, des filets de protection sociale, de la gestion budgétaire, de la gouvernance, de la promotion du développement du secteur privé ainsi que dans d'autres domaines cruciaux".
AFP/VNA/CVN