Le Portugal se résout à appeler à l'aide financière

Après des mois de résistance, le gouvernement portugais a finalement reconnu le 6 avril la nécessité d'un recours à une aide financière dans le cadre des mécanismes de l'Union européenne, invoquant la "situation difficile" sur les marchés financiers.

"J'estime qu'il est nécessaire de recourir aux mécanismes de financement disponibles dans le cadre européen", a déclaré en début de soirée le ministre portugais des Finances, Fernando Texeira dos Santos, dans une réponse écrite au Jornal de Negocios, dont la teneur a été confirmée par son cabinet. "Le pays a été poussé de manière irresponsable vers une situation difficile sur les marchés financiers", a-t-il estimé, en référence au rejet par le parlement du nouveau programme d'austérité du gouvernement socialiste, qui a abouti à la démission le 23 mars du Premier ministre José Socrates, entraînant l'abaissement de la note du Portugal par les principales agences financières et le renchérissement du coût des emprunts d'État à des niveaux record.

"Devant cette situation difficile, qui aurait pu être évitée, j'estime qu'il est nécessaire de recourir aux mécanismes de financement disponibles dans le cadre européen, dans des conditions adaptées à l'actuelle situation politique", a ajouté M. Teixeira dos Santos, tout en soulignant que "cela exigera, aussi, la participation et l'engagement des principales forces et institutions politiques".

Le 6 avril, la Commission européenne s'est dite "évidemment prête à étudier toute demande", dans le cadre des instruments existants, à savoir le Fonds de stabilité financière (FESF) et l'instrument de prêt de la Commission européenne (Mécanisme européen de stabilisation financière), mis en place au printemps 2010. "Nous n'avons encore reçu aucune demande du Portugal", a toutefois souligné le porte-parole de la Commission pour les Affaires économiques Amadeu Altafaj, insistant une nouvelle fois sur les "conditions" attachées à de telles aides et notamment la nécessité d'un "programme d'ajustement économique".

Après la démission du gouvernement de M. Socrates, le parlement portugais a été dissous et des élections législatives anticipées convoquées pour le 5 juin prochain.

D'ici là, l'exécutif socialiste est chargé des "affaires courantes" mais peut toutefois s'appuyer encore sur la commission permanente du parlement qui "conserve ses pouvoirs pour tout ce qui peut être institutionnellement adapté ou nécessaire", avait précisé le 6 avril son président Jaime Gama.

Jusqu'ici, le gouvernement démissionnaire avait exclu tout recours à une aide extérieure répétant le 6 avril encore que l'État portugais était "en mesure d'assurer ses engagements financiers", malgré les inquiétudes du marché sur la solvabilité du pays avant d'importantes échéances de dette prévues d'ici mi-juin.

Le Portugal doit rembourser 4,252 milliards d'euros le 15 avril et 4,899 milliards le 15 juin.

Le 6 avril, le pays a réussi à lever plus d'un milliard d'euros de dette à court terme mais à des taux record (5,902% sur les bons à 12 mois) dans un contexte de pression accrue des marchés.

Ces derniers jours, les principaux banquiers portugais avaient appelé le gouvernement à solliciter une "aide d'urgence" et plaidé pour un "emprunt intercalaire" auprès de l'Union européenne de l'ordre de 10 à 15 milliards d'euros.

Le gouvernement comme la Commission ont démenti le 6 avril toute négociation en vue d'une telle aide qui, dans tous les cas, ne pourrait être accordée qu'en échange d'un programme d'ajustement budgétaire.

AFP/VNA/CVN

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