Sur la décennie écoulée, le FIDA fait état de "progrès remarquables dans les zones rurales d'Asie de l'Est - surtout en Chine - où le nombre de personnes extrêmement pauvres (disposant de moins de 1,25 dollar par jour) a baissé d'environ deux tiers passant de 365 millions à 117 millions".
La Chine, principal pays de cette région, est parvenue à ce résultat spectaculaire en augmentant la production et les investissements privés dans le secteur agricole ainsi qu'en raison d'une forte urbanisation des zones rurales, ont précisé les économistes. "Le chiffre d'un milliard de pauvres dans les campagnes représente une forte baisse par rapport à celui de 1,4 milliard de personnes à la fin des années 80" sur l'ensemble de la planète, notent encore les experts dans le rapport sur la pauvreté rurale 2011, réalisé une fois tous les dix ans.
L'amélioration s'explique aussi par une plus grande productivité des cultivateurs, la hausse des prix alimentaires et un meilleur accès des agriculteurs aux informations sur les besoins de leur secteur, grâce à la téléphonie mobile.
Des facteurs qui ont contribué "à une très forte baisse du nombre de pauvres dans les zones rurales de toute l'Asie de l'Est", selon le rapport. Les autres régions du monde à avoir le plus progressé sont l'Amérique Latine, les Caraïbes, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
En revanche, la pauvreté rurale s'est accrue dans le Sud de l'Asie et en Afrique sub-saharienne.
L'Afrique sub-saharienne "représente près d'un tiers de la population rurale très pauvre du monde, soit 306 millions de personnes contre 268 millions au début de la décennie". Selon le FIDA, l'Asie du Sud "compte plus de ruraux pauvres, environ 500 millions, que toutes les régions et sous-régions du monde".
Dans une interview, Ed Heinemann coordinateur du rapport a appelé les gouvernements et pays donateurs à élaborer des programmes d'aide visant particulièrement à réduire la pauvreté dans les campagnes. Il a aussi souligné le problème du réchauffement climatique. "Pour énormément de fermiers, le réchauffement a déjà débuté. Les pluies ne sont plus aussi régulières qu'avant. Leur connaissance des saisons perd de la valeur", a souligné M. Heinemann.
À plus long terme, "il y aura des changements potentiellement catastrophiques : pas seulement des périodes de sécheresse plus longues mais aussi davantage d'inondations-éclair", rendant incultivables des zones qui l'étaient auparavant, selon l'expert.
Le tableau n'est pas totalement noir, a noté M. Heinemann, en se réjouissant d'un intérêt accru du secteur privé et de l'utilisation des nouvelles technologies "qui ont révolutionné l'agriculture en zone rurale".
Pour Stephen Schonberger, économiste du FIDA pour l'Afrique, la flambée des prix alimentaires de 2007-2008 qui avait entraîné des émeutes dans certaines régions, peut s'avérer bénéfique à plus long terme.
Le Ghana a ainsi "énormément réduit la pauvreté en zone rurale", grâce à la poussée des prix des noix de coco et du manioc, de meilleures infrastructures et un climat stable sur le plan politique et des investissements.
L'expert a également observé grâce à la hausse des prix des aliments un retour à la terre de populations qui s'étaient transférées en ville à cause des conflits, dans des pays comme la Centrafrique, le Tchad ou la RD Congo.
AFP/VNA/CVN
(08/12/2010)