Axel van Trotsenburg. |
Que pensez-vous des relations entre le Vietnam et la Banque mondiale (BM) ?
Il s’agit de relations qui ont désormais une longue histoire. Ces deux dernières décennies, la BM est restée un partenaire proche du Vietnam dans la poursuite de ses objectifs de réduction de la pauvreté. Je peux affirmer que ce dernier fait partie des quelques pays du monde qui ont obtenu les plus francs succès en la matière, et nous souhaitons continuer de l’assister en privilégiant désormais les ethnies minoritaires.
La BM poursuivra également son assistance aux foyers au seuil de la pauvreté afin qu’ils puissent éviter la paupérisation en améliorant leurs conditions de vie. Notre but est d’éradiquer l’extrême pauvreté dans le monde d’ici 2030 et, s’agissant du Vietnam, nous sommes convaincus qu’il sera atteint avant terme.
Durant mon séjour, j’ai été très satisfait de la vive appréciation du gouvernement vietnamien au regard de l’aide financière accordée par la BM. Nous avons aussi affirmé que nous continuerions de soutenir financièrement comme techniquement le Vietnam, outre les programmes d’études menés en coopération avec le gouvernement. En effet, la BM a engagé un programme d’assistance du gouvernement vietnamien en vue de mieux exploiter l’expérience des autres pays dans la région.
Certaines organisations interna-tionales revoient à la baisse leurs prévisions de croissance au Vietnam du fait du retard dans la réforme administrative. Qu’en pensez-vous ?
En avril dernier, la BM a évalué la croissance au sein de la région Asie-Pacifique pour cette année, avec une estimation de 5,2% pour le Vietnam, contre 5,8% prévu auparavant. Si la croissance a ralenti au Vietnam, c’est en raison de la crise économique mondiale.
Ouvrage contre l’érosion dans la province de Dông Thap, construit avec l’aide financière de la Banque mondiale. |
D’après moi, les difficultés économiques mondiales affectent la croissance de tous les pays. Ce qui est important, c’est de prendre les mesures pour s’assurer d’une croissance durable, notamment investir de manière stratégique dans les infrastructures et l’éducation. L’amélioration de la qualité de l’éducation est prioritaire, au-delà de la généralisation de l’enseignement primaire et secondaire en cours. Un des points importants est de fournir aux jeunes les compétences nécessaires afin d’entrer dans la vie active dans de bonnes conditions. L’investissement dans la jeunesse est un facteur décisif pour une croissance économique durable.
Enfin, il est important qu’un pays possède des avantages comparatifs dans le cadre de la mondialisation de l’économie, et que le Vietnam les détermine secteur par secteur.
Que pensez-vous de l’effectivité de l’emploi des prêts préférentiels accordés au Vietnam par la BM, et ceux-ci vont-ils être réduits dans les années à venir ?
Nous considérons que le Vietnam est l’un des pays qui emploie le plus efficacement les crédits de notre groupe, notamment préférentiels de l’Association internationale de développement (AID). Quoi qu’il en soit, nous souhaitons nous coordonner encore plus étroitement avec le gouvernement vietnamien afin d’améliorer le décaissement des fonds accordés par l’AID.
Sur le second point, cette association continue actuellement d’accorder des crédits particulièrement préférentiels : échéance de 25 ans avec délai de grâce de cinq ans et taux d’intérêt annuel de 1,25 %. Les conditions de l’AID sont renouvelées tous les trois ans, et les négociations pour la période 2014-2016 (AID-17) sont en cours et devraient être achevées fin décembre. La BM a mobilisé 40 milliards de dollars pour l’AID-17, dont 4 milliards seront accordés au Vietnam.
Par ailleurs, le Vietnam a notablement progressé en termes de développement économique et de revenu per capita, ce qui lui ouvre les ressources financières de la Banque internationale de reconstruction et de développement (IBRD). Enfin, les enveloppes de prêts à taux d’intérêt de marché sont aussi disponibles pour le Vietnam, ce qui témoigne de la confiance dont bénéficie le pays en matière de crédit institutionnel.
Quels sont les engagements de la BM pour le Vietnam ?
Ma visite a pour but de renforcer le partenariat entre le Vietnam et la BM et de réaffirmer notre soutien en faveur du programme de développement du Vietnam. Elle vise également à réactualiser nos informations sur le Vietnam et à améliorer l’assistance de son processus de restructuration économique.
À mon avis, le Vietnam doit collaborer étroitement pour un meilleur décaissement des aides qui lui sont accordées, mener les réformes afin d’accélérer la croissance, la création d’emplois et la formation de ressources humaines qualifiées. La BM est prête à conseiller le Vietnam dans les choix et l’élaboration de politiques, notamment en matière de stabilité économique, de maintien et de soutien de la croissance, ainsi que de l’aider à accéder aux capitaux.
À ce jour, 55 projets sont en cours au Vietnam avec l’assistance de la BM. L’année dernière, le décaissement des fonds a dépassé les 850 millions de dollars, et il s’accélérera. La fourniture de prêts pour la réforme des politiques a lieu depuis plus de dix ans. En mars dernier, la BM a accordé une enveloppe de crédit de 250 millions de dollars pour soutenir la réforme de la gestion économique au Vietnam.
Thuy Tiên/CVN