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Vendanges dans le domaine de la "Tenuta Ca dei Mandorli" (la maison des amandiers), près d'Asti, dans le Nord-Ouest de l'Italie, le 17 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après deux années compliquées, l'Italie devrait se classer cette année premier producteur mondial de vin, devant la France, selon les estimations publiées début septembre par les vignerons.
Mais "c'est une médaille en chocolat", regrette le secrétaire général de l'Union italienne des vins, Paolo Castelletti. "La consommation de vin baisse, surtout sur notre principal marché à l'export, aux États-Unis. Les baby boomers, en vieillissant, réduisent leur consommation".
Sans compter les droits de douane américains, qui rendent les exportations moins profitables et pourrait porter les vins italiens au-dessus de la "barre psychologique" de 20 dollars la bouteille, selon M. Castelletti.
Les vins d'Asti sont aussi particulièrement appréciés en Russie. Quelque 17 millions de bouteilles s'y étaient encore écoulées en 2023, puis 12 en 2024, et l'objectif pour 2025 est de surnager à 10 millions.
Au total, la demande à l'export pour les vins italiens a ralenti de 4% sur les cinq premiers mois de 2025.
Il s'agit alors de miser toujours plus sur la qualité plutôt que sur la quantité, selon M. Castelletti. Mais alors que certains vignobles en France ont décidé d'arracher des vignes, et que la Commission européenne pousse dans ce sens, l'Union italienne des vins milite plutôt pour une production qui s'adapte aux fluctuations du marché, "en accordéon".
Vins légers
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Des grappes de barbera, un cépage rouge, lors des vendanges de la "Tenuta Ca dei Mandorli" à Castel Boglione, près d'Asti, en Italie, le 17 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Autour d'Asti (Piémont, nord), les vignerons ont ainsi décidé de produire moins de vin pétillant cette année, passant de 10 à 9 tonnes de muscat blanc par hectare de vigne.
Dans son domaine entouré de vignes à perte de vue, la Ca' dei Mandorli (la maison des amandiers), Stefano Ricagno analyse ses premiers jus avec un oenologue français.
Au-dessus de la cave, sous un soleil de plomb, des vendangeurs indiens donnent les derniers coups de sécateur dans les vignes.
Les vendanges ne se sont jamais terminées aussi tôt, remarque le viticulteur en baskets blanches : "on pensait produire beaucoup, mais il a fait très chaud. La récolte du muscat est presque en ligne avec nos objectifs (abaissés)".
Héritier de six générations de vignerons, Stefano Ricagno, 46 ans, préside l'appellation d'origine contrôlée "Asti", qui couvre près de 10.000 hectares de collines inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco.
Asti s'est fait un nom avec des mousseux dorés à faible teneur en alcool, généralement autour de 7% pour l'"Asti" et de 5% pour le "Moscato", dont la quasi-totalité de la production est vendue aux Etats-Unis.
Les ventes de l'AOC "Asti", de 100 millions de bouteilles en 2023 et 90 en 2024, devraient tomber à 85 millions en 2025, et les vignerons voient augmenter leurs stocks. "On verra en 2026 si les conflits se terminent, et que les marchés se reprennent", lance Stefano Ricagno.
D'autres appellations italiennes comme la Valpolicella en Vénétie ont aussi réduit les volumes cette année face à ce marché incertain.
AFP/VNA/CVN