Selon le quotidien israélien à grand tirage Yediot Aharonot, c'est Washington qui a annulé la rencontre, prévue le 25 juin à Paris, en signe de mécontentement. Mais un responsable de la délégation de M. Netanyahu qui a débuté mardi une tournée en Europe a indiqué que c'était le Premier ministre qui avait pris l'initiative de cette annulation pour permettre au ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, de discuter d'abord avec M. Mitchell à Washington. "Il faut s'assurer avant qu'un travail professionnel a été accompli sur un certain nombre de questions. Peu après que ce sera fait, MM Mitchell et Netanyahu devraient se rencontrer", a-t-il déclaré aux journalistes.
Quoi qu'il en soit, les divergences sur ce dossier clé apparaissent de plus en plus fortes entre les 2 alliés. "L'annulation de la rencontre est un message clair adressé par le président américain Barack Obama aussi bien aux Israéliens qu'aux Américains", estime le chercheur israélien Yossi Alpher. "Il s'avère que l'administration ne transige plus sur la colonisation et que dans la mesure où Benjamin Netanyahu ne cède pas, il devient persona non grata à Washington", souligne cet ancien directeur de l'Institut d'études stratégiques de l'Université de Tel-Aviv.
En revanche, un conseiller diplomatique du Premier ministre, Dore Gold, a relativisé les désaccords.
"Depuis 1967, tous les gouvernements israéliens ont été en désaccord d'une façon ou d'une autre avec Washington sur les implantations. Mais on peut éviter une crise en trouvant, comme cela s'est fait dans le passé, des ententes tacites", a-t-il déclaré à la radio militaire.
M. Netanyahu, en tournée en Italie et en France, s'est affirmé convaincu qu'il était possible de "trouver un arrangement" avec Washington.
Selon un haut responsable gouvernemental non identifié, cité par le Yediot Aharonot, la Maison Blanche a signifié sans ambages à Israël que la rencontre Netanyahu-Mitchell n'avait pas lieu d'être aussi longtemps qu'Israël n'aura pas modifié sa position sur la colonisation en Cisjordanie occupée.
Lors de son discours le 4 juin au Caire adressé au monde musulman, M. Obama avait appelé à un gel total de la construction dans les colonies du territoire palestinien occupé de Cisjordanie.
Israël s'y oppose et entend poursuivre la colonisation sous motif "d'expansion naturelle" des implantations existantes, compte tenu de leur démographie.
Le 9 juin, M. Netanyahu s'était entretenu à Jérusalem avec M. Mitchell avant d'accepter pour la première fois publiquement le principe d'un État palestinien aux côtés d'Israël tout en posant des conditions draconiennes.
Mardi à Rome, il a maintenu ses positions sur la colonisation en déclarant qu'il ne permettrait pas "la création de nouvelles colonies, ni la saisie de terres, mais que la vie doit continuer".
Depuis l'occupation de la Cisjordanie en juin 1967, près d'un demi million d'Israéliens s'y sont installés dont près de 200.000 à Jérusalem-Est annexée.
AFP/VNA/CVN