Le président français Nicolas Sarkozy annonce un grand emprunt national

La France lancera à l'automne un grand emprunt national pour financer ses priorités de sortie de crise, a annoncé le 22 juin à Versailles le président Nicolas Sarkozy, qui a estimé que le choc de la récession avait remis "à la mode" le modèle français.

M. Sarkozy avait convoqué au château de Versailles députés et sénateurs, réunis en Congrès, pour tracer les perspectives de la deuxième partie de son mandat.

Le président français a confirmé que le gouvernement serait remanié le 24 juin. "Le premier travail du gouvernement sera de réfléchir à nos priorités nationales et à la mise en place d'un emprunt pour les financer", a déclaré M. Sarkozy.

Ces investissements prioritaires pour la France et son économie seront définis à l'issue d'une concertation de 3 mois avec le parlement, les partenaires sociaux, les milieux économiques et culturels, a-t-il précisé.

"Quant à l'emprunt, le montant et les modalités seront arrêtés une fois que nous aurons fixé ensemble les priorités. Nous le ferons soit auprès des Français, soit auprès des marchés financiers", a-t-il ajouté. M. Sarkozy a jugé "pas anormal" de financer par l'emprunt les investissements, c'est-à-dire "le déficit qui prépare l'avenir".

Le président français, pourtant élu en 2007 sur un programme très libéral, a estimé que la crise avait mis à mal les dogmes en vigueur depuis de nombreuses années dans l'économie mondiale. "Le monde découvre les limites d'une vision exclusivement marchande", a-t-il assuré.

"La crise a remis le modèle français à la mode. Hier décrié, il se retrouve aujourd'hui reconnu pour son rôle d'amortisseur social", a estimé le président. "En nous obligeant à tout remettre à plat, en ébranlant les dogmes et les certitudes, la crise nous rend plus libres d'imaginer un autre avenir", a-t-il ajouté.

Mais le pays est confronté, outre la récession, à une dégradation spectaculaire de ses finances publiques. Selon le ministre du Budget, Eric Woerth, le déficit public de la France atteindra entre 7 et 7,5% du Produit intérieur brut (PIB) en 2009 et en 2010, bien loin de la valeur de référence de 3% édictée par les traités européens.

M. Sarkozy a blâmé le "mauvais déficit", celui qui "doit être ramené à zéro par des réformes courageuses", a-t-il dit. Il a ainsi promis de réduire le nombre d'élus locaux, de poursuivre l'allègement des effectifs de la fonction publique, et de procéder en 2010 à une nouvelle réforme des retraites. Mais point de politique de rigueur pour les contribuables français, a-t-il assuré. "Je n'augmenterai pas les impôts, car cela retarderait longtemps la sortie de crise" en pesant sur la reprise, a-t-il affirmé.

AFP/VNA/CVN

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