>>Irak : 70 morts dans l'attaque d'une mosquée sunnite
>>Pour Washington, l'État islamique "va au-delà" de toute autre menace
Les États-Unis, qui aident les Irakiens dans leur lutte contre les jihadistes de l'État islamique (EI) en leur fournissant armes, conseillers et un soutien aérien, ont dit examiner différentes options pour répondre à la décapitation par ces extrémistes sunnites du journaliste américain James Foley qu'ils ont qualifiée d'"attaque terroriste".
En pleine offensive de l'EI, que les forces kurdes et irakiennes tentent avec difficulté de déloger des régions conquises depuis le 9 juin, de nouveaux attentats ont ensanglanté le pays samedi, faisant au moins 34 morts et plus de 150 blessés. Au moins 21 personnes ont été tuées et 118 blessées dans l'explosion quasi-simultanée de trois voitures piégées dans la ville de Kirkouk (nord), contrôlée par les Kurdes depuis le début de l'offensive jihadiste.
Attentat à la voiture piégée dans le centre d'Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan dans le nord de l'Irak, le 23 août 2014. |
À Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan habituellement épargnée par les violences, un attentat à la voiture piégée a fait trois blessés. Les corps de six soldats tués samedi ont été retrouvés sur une route au sud de la ville de Tikrit (160 km au nord de Bagdad), tenue par les insurgés, tandis que l'explosion d'une bombe au passage d'un véhicule transportant des volontaires entre Tikrit et Samarra (110 km au Nord de Bagdad) en direction du nord a tué l'un d'entre eux.
Et à Bagdad, six personnes sont mortes dans un attentat suicide à la voiture piégée contre le siège des renseignements du ministère de l'Intérieur. Ces attentats surviennent au lendemain d'une attaque imputée à des miliciens chiites contre une mosquée sunnite dans la région de Diyala au Nord-Est de Bagdad, tuant 70 personnes et entraînant des heurts entre habitants sunnites et miliciens chiites.
Washington a condamné une attaque "abominable" et le Premier ministre désigné Haïdar al-Abadi a aussitôt tenté d'apaiser les tensions confessionnelles suscitées par cette attaque qui risque d'accroître la colère de la minorité sunnite envers le pouvoir chiite qui a besoin de sa coopération dans son combat contre l'EI.
Resserrer les rangs
M. Abadi, qui a succédé au très contesté Nouri al-Maliki accusé d'avoir semé le chaos en marginalisant les sunnites, a appelé ses concitoyens "à resserrer les rangs pour empêcher les ennemis de l'Irak de provoquer des troubles". L'attaque de vendredi 22 août pourrait aussi compliquer davantage les tractations en vue de former un gouvernement appelé à répondre aux doléances de toutes les minorités, notamment celle des sunnites dont certains ont toléré l'EI après leur exclusion par M. Maliki.
Entraînement d'une milice chiite à Najaf, en Irak, le 23 août 2014. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le chef du Parlement, le sunnite Salim al-Joubouri, a lui aussi appelé à l'unité. En 2006 et 2007, des affrontements entre chiites et sunnites avaient fait des dizaines de milliers de morts. Après leur déroute aux premiers jours de l'offensive, les forces irakiennes comptent, selon les régions, sur l'appui de miliciens chiites ou des tribus sunnites, outre celui des Kurdes dans le Nord, pour freiner l'EI.
Aux abords d'Amerli, à 160 km au nord de Bagdad, un colonel a affirmé que des troupes prenaient position pour briser un siège imposé par les jihadistes depuis plus de deux mois. Les habitants, majoritairement des Turcomans chiites, risquent d'être "massacrés", a mis en garde le représentant de l'ONU en Irak, Nickolay Mladenov.
"Où que vous soyez"
Malgré la menace de l'EI de tuer un second otage américain, le journaliste Steven Sotloff, si les frappes continuaient en Irak, celles-ci n'ont pas cessé. Washington a mené 94 frappes contre l'EI dans le nord irakien depuis le 8 août. Samedi, un raid a notamment visé la région du barrage de Mososul, le plus grand d'Irak, que les Kurdes ont repris il y a une semaine aux jihadistes avec un soutien aérien américain.
En réponse à l'exécution de James Foley, enlevé en 2012 en Syrie, et aux autres exactions commises par ce groupe, les États-Unis ont dit ne pas écarter l'idée d'étendre leurs raids à la Syrie, où l'EI contrôle plusieurs secteurs. "Nous examinons activement ce qui sera nécessaire pour répondre" à l'"attaque terroriste" que représente l'exécution du journaliste, a affirmé Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale. "Nous ne serons pas limités par des frontières", a-t-il souligné.
Selon le Wall Street Journal, le Pentagone considère que des opérations en Syrie pourraient être nécessaires. "Si vous vous en prenez à des Américains, nous irons vous chercher où que vous soyez, et c'est ce qui va guider notre planification dans les jours à venir", a déclaré M. Rhodes, cité par le journal.
Par ailleurs, le président irakien Fouad Massoum a apporté samedi son "soutien" à la proposition de son homologue français François Hollande d'organiser "une conférence internationale" sur la sécurité en Irak et la lutte contre l'EI, selon l'Élysée.
AFP/VNA/CVN