France
Grève peu suivie à la SNCF, la perspective d'un mouvement avant Noël s'éloigne

La crainte d'une grande grève reconductible dans les trains à l'approche des fêtes de Noël s'éloigne : la grève de jeudi, présentée comme un "ultimatum" avant celle de décembre, ne sera que peu suivie à la SNCF, qui prévoit un trafic quasi normal pour ses TGV.

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Une locomotive de fret à Angers, le 16 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'appel à la grève de l'intersyndicale cheminote — qui réunit tous les syndicats de la SNCF — mobilise faiblement. Il y aura un Intercités sur deux en circulation et sept TER sur dix en moyenne partout en France.

La CGT-Cheminots, l'Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots avaient appelé début novembre à un grand mouvement en réponse à la confirmation du démantèlement de Fret SNCF, entreprise leader en France pour le transport de marchandises sur rail.

La société doit disparaître le 1er janvier et être remplacée par Hexafret pour le transport de marchandises et Technis pour la maintenance des locomotives. Le processus doit aboutir à la suppression de 500 emplois sur 5.000, même si la SNCF a promis de reprendre tous les cheminots non conservés dans d'autres sociétés du groupe.

Ce démantèlement, sur lequel les syndicats réclament un moratoire, découle d'un accord signé entre le gouvernement et la Commission européenne, après l'ouverture d'une enquête pour aides d’État illégales versées à Fret SNCF.

"Je suis assez dubitatif sur ce mouvement social, d'autant plus qu'il n'y a pas d'autres hypothèses possibles" que le démantèlement, a rappelé le ministre délégué aux Transports, François Durovray, mardi matin 19 novembre.

"Privatisation"

"On ne peut pas laisser passer ça sans rien faire", a affirmé de son côté Fabien Villedieu, secrétaire fédéral Sud-Rail. L'accord signé avec l'Europe prévoit aussi une ouverture du capital au privé de Rail Logistics Europe, qui rassemble toutes les activités fret de la SNCF, début 2026.

Les syndicats dénoncent une privatisation, ce que conteste la direction puisque le groupe ferroviaire conservera la majorité du capital. Dans un communiqué, la CGT-Cheminots a appelé mardi à la tenue d'un débat au Parlement concernant l'avenir de Fret SNCF, comme cela va être le cas au sujet du traité de libre-échange avec le Mercosur.

"C'est un processus de privatisation au sens large", ajoute le secrétaire général de la CGT-Cheminots Thierry Nier. "Le même processus appliqué à Fret va s'appliquer aux voyageurs demain avec la mise en place de filiales qui laisse percevoir une même logique : abaissement des coûts, dumping social et dégradation des conditions de travail", poursuit-il.

Organisation du temps de travail

Le 14 décembre, environ 1.200 cheminots à Amiens, Nice et Nantes vont être transférés de SNCF Voyageurs vers des sociétés dédiées ayant remporté des appels d'offres lancés par les régions pour le marché des TER.

Les cheminots transférés conserveront certains avantages (droits à la retraite, facilités de circulation...) mais verront aussi toute l'organisation de leur temps de travail remaniée, afin de gagner en productivité.

"Il y a une conscience très forte [parmi les cheminots] que ces modifications structurelles ne vont évidemment pas dans le bon sens", assure le secrétaire général de la CFDT-Cheminots, Thomas Cavel.

L'intersyndicale réclame l'arrêt du processus de filialisation, ou en tout cas des garanties dans l'organisation du travail des cheminots transférés.

A l'heure actuelle, près de 60% des marchés TER sont en cours d'appel d'offres, et une grande majorité des cheminots travaillant dans les trains régionaux devraient être transférés dans des filiales ou chez des concurrents ayant remporté les marchés — comme Transdev sur le Marseille-Nice — d'ici la fin de la décennie.

Du côté de la direction de la SNCF, on assure que les travaux pour mener à bien ce processus sont engagés depuis de nombreuses années et que les négociations sociales sont bien avancées.

"Les Français ne comprendraient pas une grève longue et dure en décembre", a souligné dimanche 17 novembre le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou dans une interview à La Tribune Dimanche.

AFP/VNA/CVN


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